L'économie britannique semble finir l'année en roue libre grâce à une dynamique consommation des ménages, mais la Banque d'Angleterre a averti de difficultés probables en 2017 qui devrait voir lancées les négociations du Brexit. De nouvelles données publiées par l'Office des statistiques nationales (ONS) ont confirmé ce que les indicateurs laissent penser depuis des mois: l'activité résiste bien au choc du vote du 23 juin, lorsque les Britanniques ont décidé par référendum de quitter l'Union européenne. Jeudi, ce sont les ventes au détail du mois de novembre qui ont apporté de l'eau au moulin des optimistes. Certes, elles n'ont progressé que de 0,2% par rapport au mois d'octobre, et leur légère augmentation est due à l'effet d'aubaine des soldes du "Black Friday" qui ont poussé les Britanniques à se précipiter sur des produits électriques (électroménager, audiovisuel, ordinateurs, etc.). L'effet inflationniste de la chute de la livre semble de surcroît commencer à peser sur les achats alimentaires et de carburant. Mais cette petite hausse n'intervient pas moins après le bond de 1,8% enregistré en octobre, ce qui accentue la bonne impression laissée depuis cet été par la consommation des ménages. Ces derniers ne semblent pour l'instant aucunement céder à la peur de l'inconnue représentée par la sortie de l'UE, continuant de dépenser dans les magasins et sur internet. "Les détaillants vont espérer que cette bonne dynamique des ventes au détail tienne lors du mois crucial de décembre", a expliqué Howard Archer, économiste chez IHS. "Il semble que les dépenses des consommateurs contribuent de façon correcte à la croissance du PIB au quatrième trimestre", a-t-il ajouté. Rien n'est exclu Au troisième trimestre, cette croissance a atteint encore 0,5% par rapport au deuxième et les pouvoirs publics prévoient pas moins de 2,1% pour l'ensemble de 2016 - pas mal pour une année promise par beaucoup à tous les maux en cas de Brexit. Cette solidité d'ensemble a été notée jeudi par la Banque d'Angleterre (BoE) qui, sans surprise, a laissé inchangée sa politique à l'unanimité des neuf membres de son comité de politique monétaire. Dès le début août, la vieille dame de Threadneedle Street avait pris les devants des turbulences craintes du Brexit en abaissant son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,25% et en amplifiant ses rachats d'actifs - obligations souveraines et d'entreprises. Elle a constaté jeudi que l'économie continuait de croître à un rythme modéré, notamment grâce à la bonne tenue de la consommation, mais a averti dans le même temps que les enquêtes laissaient présager un "ralentissement de l'activité" en 2017, rejoignant l'avis d'une grande majorité d'économistes et des pouvoirs publics. A l'issue de sa réunion tenue mercredi, la BoE a maintenu à l'unanimité son taux directeur à 0,25%, son plus bas historique, et ses programmes de rachats d'obligations souveraines et d'entreprises, selon un communiqué. Cette décision était largement anticipée par les marchés et les économistes. La banque centrale britannique constate, au regard des statistiques publiées depuis sa réunion de novembre, que l'économie continue de croître à un rythme modéré, notamment grâce à la bonne tenue de la consommation. Elle précise toutefois que les enquêtes laissent présager un "ralentissement de l'activité" en 2017, rejoignant l'avis d'une grande majorité d'économistes et des pouvoirs publics. Ces incertitudes l'ont donc conduit à ne pas toucher à son massif dispositif de soutien à l'économie, mis en place début d'août quelques semaines après le vote en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Pour la BoE, tout va dépendre de la résistance du pouvoir d'achat des ménages qui risque d'être sous pression l'an prochain en raison de la faiblesse de la livre consécutive aux craintes quant au Brexit. L'inflation dépasse déjà les 1% et devrait se diriger vers les 3% d'ici fin 2017, selon la banque centrale, qui note toutefois que la devise britannique vient de regagner un peu de terrain, ce qui devrait permettre à la hausse des prix attendue d'être un peu moins forte que prévu. La prudence de la BoE pour les mois à venir s'explique également par les incertitudes entourant le processus du Brexit, alors que les négociations de sortie de l'UE devraient être lancées par le gouvernement britannique d'ici fin mars 2017. La banque centrale évoque "le risque que l'accès des entreprises établies au Royaume-Uni aux marchés européens pourrait être sensiblement réduit, ce qui pourrait restreindre leur activité" pour une période prolongée. La BoE rappelle enfin qu'elle se tient prête à répondre, dans un sens ou dans l'autre, à d'éventuels changements dans les perspectives économiques. "Le comité de politique monétaire semble satisfait de sa position neutre", a expliqué Howard Archer, économiste chez IHS. "Au vu des incertitudes majeures pesant sur l'économie britannique sur fond de Brexit, rien ne peut être exclu" en terme de politique monétaire à l'avenir, a-t-il ajouté.