Le taux de chômage au Royaume-Uni s'est stabilisé à 4,9% sur les trois mois achevés fin juin, soit pour l'essentiel avant le vote en faveur du Brexit, a annoncé hier l'Office des statistiques nationales (ONS). Ce chiffre, le plus bas enregistré depuis l'été 2005, est conforme aux attentes des économistes selon un consensus établi par Bloomberg. Au total, 1,64 million de personnes étaient à la recherche d'un emploi fin juin, soit 207 000 de moins qu'un an plus tôt. Le nombre de personnes ayant un emploi a quant à lui progressé de 606 000 depuis un an pour s'établir à 31,75 millions, dont les trois quarts (23,22 million) à temps plein. Par ailleurs, le Royaume-Uni comptait 8,84 millions de personnes âgées de 16 à 64 ans qui étaient "inactives", c'est-à-dire ne travaillant et ne recherchant pas d'emploi. Cette catégorie, en baisse de 179 000 sur un an, comprend les étudiants, personnes au foyer, malades, retraitées et enfin les personnes décourag ées de retrouver un emploi. Les salaires (primes comprises) ont augmenté pour leur part de 2,4% sur un an, soit bien plus que l'inflation qui est restée faible sur la période. L'ONS a par ailleurs fourni des données encourageantes pour juillet, c'est-à-dire après le vote, concernant les demandes d'allocation chômage dont le nombre s'est établi à 763 600, soit une baisse de 8 600 sur un mois, le premier recul depuis février. Le marché de l'emploi s'est montré "étonnamment robuste compte tenu des incertitudes précédant le référendum", estimait Alan Clarke, économiste chez Scotiabank. Cette publication "apporte un peu d'espoir puisque s'il est prouvé que les craintes pré-Brexit étaient infondées, alors peut-être le pessimisme post-référendum est-il également exagéré", expliquait-il. D'autres analystes sont moins confiants, à l'image de James Knightley chez ING, prévenant que "l'incertitude liée au Brexit ne va pas disparaître de sitôt". Il s'attend "malheureusement" à ce que "le taux de chômage progresse régulièrement d'ici 2017", sur fond de ralentissement économique qui pourrait contraindre les entreprises à serrer leurs coûts. Pour Nina Skeri, économiste au CEBR (Centre for economics and business research), ces chiffres promettent "d'être les dernières bonnes nouvelles économiques avant un moment", tablant sur une augmentation du taux de chô- mage à 5,6% en 2017. L'INFLATION ACCELÈRE LEGÈREMENT Par ailleurs, l'inflation au Royaume-Uni a légèrement accéléré en juillet, soit le premier mois complet depuis le vote en faveur du Brexit, sous l'effet d'une baisse de la livre qui renchérit certains biens importés. La hausse des prix à la consommation a atteint 0,6% sur un an le mois dernier, après 0,5% en juin, selon des chiffres de l'Office des statistiques nationales (ONS) publiés la veille. Ce chiffre, le plus élevé depuis novembre 2014, est légè- rement supérieur aux attentes des économistes qui tablaient sur une hausse des prix de 0,5% selon un consensus établi par Bloomberg. L'ONS explique dans un communiqué que l'inflation a été nourrie par "diverses catégories, la plus notable étant l'hôtellerie et la restauration", le secteur qui a le plus contribué à la hausse des prix sur un an. De même, les prix à la consommation ont été tirés vers le haut par les boissons alcoolisées et le tabac, l'éducation, ou encore les moyens de communications. En revanche, l'inflation a pâti de la baisse des prix des boissons non alcoolis ées. L'ONS ne fait aucun commentaire quant à un éventuel impact sur les prix du vote en faveur du Brexit et de la chute de la livre qui a suivi depuis le référendum du 23 juin. Samuel Tombs, analyste chez Pantheon Macroeconomics, estime que "la forte dépréciation de la livre est entièrement responsable de la hausse de l'inflation en juillet" qui renchérit certains produits importés. Pour Ben Bretell, économiste chez Hargreaves Lansdown, cette publication donne "peut-être une idée de ce qui se profile", observant que les prix à l'importation ont progressé de 6,5% sur un an, "leur taux le plus élevé en cinq ans". Plus prudent, James Smith, économiste chez ING, souligne qu'"il est trop tôt pour voir les effets de la chute de la livre dans les derniers chiffres de l'inflation au Royaume-Uni". Il remarque que les prix n'ont pas connu de variation brutale dans les secteurs comme les carburants et l'alimentation qui sont pourtant en première ligne en cas de baisse de la devise britannique. Concernant l'essence, la baisse des cours du pétrole a compensé la hausse du dollar face à la livre, tandis que le coût de l'alimentation est tiré vers le bas par la féroce concurrence entre les enseignes de la grande distribution, selon lui.