A Tunis, et à l'occasion de la seconde réunion des ministres de l'Intérieur du groupe de contact sur «la migration le long de la route de la Méditerranée centrale», M. Noureddine Bédoui a souligné que l'Algérie «continuera à mobiliser ses ressources pour assurer la sécurité de ses territoires et réaffirme sa détermination à renforcer la coopération bilatérale et régionale en matière de migration clandestine, afin de préserver la dignité des personnes et lutter de façon complète, permanente et solidaire, contre les causes qui poussent des milliers de personnes démunies sur la voie de la migration, de la mendicité et de l'exploitation par les groupes criminels». Traduire en langage moins conventionnel, moins diplomatique, direct donc, que l'Algérie assumera toutes ses responsabilités dans la gestion des flux migratoires, mais n'en supportera pas tout le poids à elle seule. Elle en paiera le prix qu'il faut, mais pas tout le prix, à elle seule. Etant elle-même au cœur de «la route de la Méditerranée centrale», elle subit de plein fouet le plus gros des flux migratoires, du fait d'être à la fois un pays de transit et désormais de destination. D'où l'impérieuse nécessité d'une mutualisation des efforts et des moyens à l'échelle régionale, c'est-à-dire maghrébine et méditerranéenne. En langage plus prosaïque, cela voudrait dire que l'Algérie fait actuellement tout le boulot, pour elle-même, mais aussi pour les autres, étant, par la force de la géographie, une plaque tournante et surtout une interface. C'est l'Algérie qui absorbe donc, pour les autres, l'onde de choc, et en subit par conséquent tout l'impact. C'est ce que suggère d'ailleurs notre ministre de l'Intérieur lorsqu'il affirme, sur un ton diplomatique mais clair, que la coopération dans ce domaine doit être «intégrée et exige le soutien de la communauté internationale». Cette coopération internationale concerne le «rétablissement de la sécurité, le règlement des conflits et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier, ainsi qu'à travers l'encouragement du développement par les investissements, la promotion des PME et l'encouragement de la migration légale, vu que la région du Sahel compte plusieurs pays classés parmi "les moins développés" au monde». Pour sa part, notre pays s'attelle à réviser sa législation sur la circulation des étrangers, prévoyant notamment «le durcissement des sanctions» à l'encontre des filières de la migration clandestine. De même qu'il mobilisera «d'importantes ressources» pour la sécurisation de ses frontières maritimes et terrestres. «Importantes ressources» en cours de mobilisation alors même qu'il a déjà consenti des «efforts considérables tout le long du littoral national», ce qui a permis de «briser le rêve européen pour les candidats à la migration clandestine parmi les Algériens, les Africains et d'autres» nationalités. Voilà pour l'aspect froidement pratique des choses, mais nécessaire, c'est-à-dire le volet sécuritaire. Mais le traitement sécuritaire du problème ne suffit pas à lui seul, c'est évident. Car il participe de la gestion impérative des seuls effets du phénomène. D'où l'exigence de s'attaquer aux causes. Et c'est ce qui fait le plus défaut actuellement, comme le souligne le ministre de l'Intérieur algérien quand il note «l'absence de mesures rigoureuses pour lutter contre les causes structurelles» des vagues migratoires qui ont progressivement transformé l'Algérie en «passage obligé pour un nombre croissant de migrants clandestins». L'intervention de Noureddine Bedoui devant ses homologues méditerranéens à Tunis, rappelle à l'esprit la fameuse déclaration de l'ancien Premier ministre français Michel Rocard qui avait dit, à propos de l'immigration, que «la France ne supportera pas toute la misère du monde, mais prendra sa part, toute sa part». Il en est de même pour l'Algérie, dont la politique en la matière est obligatoirement basée sur le principe de l'humanisme et du réalisme, mais sans angélisme aucun. N. K.