Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, n'a pas caché, lors de ses entretiens avec le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Mali, chef de la Minusma, Mahamet Saleh Annadif, vendredi à Alger, les difficultés d'application de l'Accord de paix, signé à Bamako en 2015. Ce dernier a été conclu après une série de rencontres de réconciliation entre les parties en conflit, abritées en grande partie par l'Algérie qui a joué un grand rôle de médiation en coordination avec les Nations unies et d'autres partenaires. La déception est grande, mais le fait accompli est accepté parce que dû à des facteurs objectifs : la position géographique du Mali qui l'expose directement aux conséquences de l'instabilité politique et sécuritaire en Libye, ainsi que la croissance de la menace terroriste du groupe Boko Haram au Niger, entre autres. «La situation au Mali demeure compliquée et complexe, vu l'impact des conditions sécuritaires en Libye, les menaces terroristes du groupe Boko Haram au Niger, auxquelles vient s'ajouter l'activité des réseaux du crime organisé et du terrorisme dans la région», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne. Dès lors, «il y a énormément de facteurs qui interpellent la communauté internationale à travailler sérieusement sur la question afin que chacun apporte sa contribution». Messahel soutiendra toutefois que la solution à la crise malienne est exclusivement malienne. Qu'elle est entre les mains des parties en conflit. «Il s'agit beaucoup plus d'une affaire entre Maliens. L'Accord (d'Alger signé à Bamako) est là et c'est l'histoire qui déterminera son efficience. L'Accord ne peut être appliqué que s'il y a une volonté de le mettre en œuvre. Ce qui engage, principalement, la responsabilité des parties signataires», a-t-il dit. Messahel rappellera le rôle de l'Algérie dans le rapprochement de ces frères ennemis et l'aboutissement à la signature de l'Accord, à Alger dans un premier temps et à Bamako au final. «L'Algérie a toujours répondu présent pour accompagner le peuple malien dans son effort de maintenir son unité et sa souveraineté. Ces principes élémentaires constituent la base sur laquelle elle s'est toujours engagée. Elle poursuit aujourd'hui ses actions en collaboration avec l'ONU par le biais de la Minusma.» Le représentant onusien a lui aussi reconnu la difficulté de la mise en œuvre de l'accord de paix pour des raisons évidentes, entre autres celles mentionnées par le ministre algérien. Saluant le «rôle positif de l'Algérie dans ce pays pour avoir présidé tous les accords de négociations et le processus d'Alger, en tant que chef de file de la médiation et présidente du Comité de suivi», rapporte l'APS, Mahamet Saleh Annadif a «déploré le fait que la mise en œuvre de cet accord se complique, ces derniers temps, conséquemment aux conflits entre les parties signataires, elles mêmes, et la situation régionale». Le chef de la diplomatie algérienne s'est également entretenu avec le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop. Une rencontre à la faveur de la tenue de 12e session du Comité bilatéral stratégique algéro-malien, dans la capitale algérienne. A l'occasion, Messahel a assuré que «l'Algérie continuera à être un partenaire loyal du Mali et des Maliens». A l'adresse de son homologue malien, il a souligné la nécessité pour les Maliens de «s'approprier ce processus qui est le leur car l'avenir du Mali est entre les mains des Maliens», ajoutant que «l'Algérie continuera à contribuer à ce que cette notion d'appropriation soit une réalité, car il n'y point d'alternative au dialogue et à la réconciliation nationale». Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, lui aussi a fait état de difficultés d'appliquer l'accord de Bamako. Il a déclaré qu'«il y a eu des avancées appréciables, mais il y a aussi beaucoup de difficultés». Se voulant toutefois rassurant, Diop affirmera que «les autorités maliennes sont déterminées à mettre en œuvre cet accord de façon intégrale pour amener la sécurité pour les Maliens et faire en sorte que cette sécurité puisse être bénéfique à ceux qui sont autour de nous». Par ailleurs, rapporte encore l'APS, le représentant du gouvernement malien à appelé les hommes d'affaires algériens et maliens qui activent dans différents secteurs, à «créer des liens physiques pour développer les infrastructures et les économies des deux pays voisins et faire en sorte que les richesses et potentialités dont regorgent l'Algérie et le Mali, puissent bénéficier plus aux populations». K. M.