L'Algérie estime que la situation actuelle au Mali demeure «compliquée et complexe», par rapport à l'impact des conditions sécuritaires en Libye, les menaces terroristes du groupe «Boko Haram» au Niger, et l'activité des réseaux du crime organisé et du terrorisme, dans la région. C'est ce qu'a déclaré, vendredi, le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel, à Alger, à l'issue de ses rencontres avec le chef de la Minusma et son homologue malien Abdoulaye Diop, en marge des travaux de la 12ème session du Comité bilatéral stratégique algéro-malien. « Il y a, énormément, de facteurs qui interpellent la Communauté internationale à travailler, sérieusement, sur la question, afin que chacun apporte sa contribution », a-t-il rappelé, avant d'évoquer le rôle et les efforts de l'Algérie, dans le processus de paix au Mali à travers la signature de l'Accord d'Alger ». Il a tenu, en effet, à souligner que « l'Algérie continuera à être un partenaire loyal du Mali et des Maliens », avant de souligner la nécessité pour les Maliens de « s'approprier ce processus qui est le leur, car l'avenir du Mali est entre les mains des Maliens». «Nous sommes engagés à accompagner le Mali dans ce processus », a insisté M. Messahel, ajoutant qu' « il y a des responsabilités de l'ONU, celles des autres partenaires du Mali, mais, il faut avoir un même agenda, celui de préserver l'unité, l'intégrité territoriale et nationale du Mali ». En fait, M. Messahel a rappelé, à toutes les parties prenantes dans la recherche d'une paix durable, au nord du Mali, que l'Accord d'Alger « n'est valable que si sa mise en oeuvre reste liée à la volonté des partenaires et des signataires ». « Il s'agit beaucoup plus d'une affaire entre Maliens. L'accord (d'Alger), signé, à Bamako, est là et c'est l'histoire qui déterminera de son efficience. L'accord ne peut être appliqué que s'il y a une volonté de le mettre en œuvre, ce qui engage, principalement, la responsabilité des parties signataires », explique le chef de la diplomatie algérienne, après son entretien avec le chef de la Minusma, Mohamed Saleh Enadif. Début juillet, de violents affrontements ont eu lieu, au nord du Mali, à Kidal et ses environs, entre éléments des deux principaux groupes touarègues, signataires de l'Accord d'Alger, ceux de la Coordination des mouvements Azawad (CMA) et ceux du GATIA, le Groupement d'Auto-défense Touaregs Imghad et Alliés. Dans un communiqué, la MINUSMA avait indiqué qu'elle « constate, avec consternation et inquiétude, des violations continues et accrues du cessez-le-feu par les deux mouvements signataires de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ». Selon Mohamed Saleh Annadhif, responsable des «Casques bleus», au Mali, « il s'agit de violations de l'Accord de paix et des résolutions du Conseil de sécurité. Si elles persistent, elles affecteront, non seulement, la mise en œuvre de l'Accord de paix, profitant, ainsi, au terrorisme pour gagner davantage du terrain, mais elles risquent, également, de saper la confiance des Maliennes et Maliens et de la Communauté internationale, toute entière, en la bonne foi des mouvements signataires, en tant que partenaires sérieux et crédibles, dans la quête du Mali pour une paix durable. » Vendredi à Alger, M. Annadif avait déploré que la mise oeuvre de l'Accord d'Alger « se complique, ces derniers temps », conséquemment aux conflits entre les parties signataires, elles-mêmes, et la situation régionale. » L'Algérie avait, également, appelé les belligérants au calme et au respect de l'Accord de paix inter-malien. M. Messahel a indiqué, par ailleurs, avoir abordé avec son homologue malien les questions liées au terrorisme, à la contrebande, au crime organisé, et à la migration clandestine. Quant au ministre malien, il a salué « le rôle important de l'Algérie dans le processus de paix au Mali ». Sur l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, M. Diop a affirmé qu'il « y a eu des avancées appréciables, mais il y a, aussi, beaucoup de difficultés », estimant que les autorités maliennes « sont déterminées à mettre en oeuvre cet accord, de façon intégrale pour amener la sécurité pour les Maliens, et faire en sorte que cette sécurité puisse être bénéfique à ceux qui sont autour de nous ». Il a, également, appelé les hommes d'affaires algériens et maliens, activant dans différents secteurs, à « créer des liens physiques pour développer les infrastructures et les économies des deux pays voisins et faire, en sorte, que les richesses et potentialités dont regorgent l'Algérie et le Mali, puissent bénéficier plus aux populations des deux pays. »