Le département d'Etat américain a réagi hier aux derniers évènements au Mali, à savoir les violations répétées de l'accord de cessez-le-feu, conclu en 2015 à Bamako. Il s'est dit «profondément troublé par les rapports sur les représailles et meurtres de civils au Mali, ainsi que par la découverte de fosses anonymes dans les zones de conflit». Dans une déclaration, rendue publique lundi, Washington a appelé les frères ennemis à redoubler d'efforts pour la mise en œuvre de l'accord de paix. «Nous appelons toutes les parties à redoubler d'efforts pour respecter le cessez-le-feu et mettre pleinement en œuvre l'accord de paix d'Alger», lit-on dans cette déclaration du département d'Etat américain qui, à l'occasion, a salué «les efforts visant à rapprocher les parties (maliennes) pour accepter une cessation d'hostilités». Un travail de médiation intense dans lequel notre pays est directement engagé malgré les nombreux dérapages. Dans la même déclaration, le département d'Etat américain a appelé les parties en conflit à «respecter strictement leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à respecter les droits de l'Homme, notamment en ce qui concerne les civils et les prisonniers», et met en garde, sur un ton assez ferme, au sujet des représailles et meurtres de civils : «Si les allégations sont véridiques, les auteurs (des violations) doivent être traduits en justice.» Un constat amer fait sur la base des rapports effectués par la mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qu'il a tenu d'ailleurs à remercier pour son travail sur le terrain. Vendredi dernier, lors d'un entretien avec le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Mali, chef de la Minusma, Mahamet Saleh Annadif, à Alger, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, n'a pas caché sa déception et ses inquiétudes en ce qui concerne la situation au Mali. Il a affirmé qu'«elle était compliquée et complexe». Sans charger directement les parties en conflit, il estimera que cela est la conséquence «des conditions sécuritaires en Libye, des menaces terroristes du groupe Boko Haram au Niger, auxquelles vient s'ajouter l'activité des réseaux du crime organisé et du terrorisme dans la région». Messahel a lancé un appel à la communauté internationale pour «travailler sérieusement sur la question afin que chacun apporte sa contribution». Il insistera toutefois sur un fait : la solution à la crise malienne est exclusivement malienne. Il dira : «Il s'agit beaucoup plus d'une affaire entre Maliens. L'Accord (d'Alger signé à Bamako) est là et c'est l'histoire qui déterminera son efficience. L'Accord ne peut être appliqué que s'il y a une volonté de le mettre en œuvre. Ce qui engage, principalement, la responsabilité des parties signataires.» Le ministre algérien assurera de la détermination de l'Algérie à toujours accompagner les Maliens dans leurs efforts pour maintenir la souveraineté de leur pays. Y. H.