Paradoxalement, c'est surtout dans les sélections nationales que se pose avec acuité la nécessité d'une mise à niveau obligée pour une intégration dans le gotha mondial que la question des joueurs appelés à revêtir les couleurs d'une nation donnée est d'actualité incessante Or, l'Algérie, qui a vécu sur son passé, pour ne pas dire ne s'est jamais relevée d'une tranche de vie auréolée d'une relative gloire, n'arrête pas de se gargariser des exploits passés. Ces heureux résultats, incontestables toutefois dans leur authenticité, ont installé un rapide satisfecit, perpétué une attitude passéiste et ravalé, par voie de conséquence, bien loin des velléités naturelles de continuer sur une dynamique à même d'être mieux exploitée et un engouement général, un vif intérêt de jeunes talents dormants. Une opportunité inexploitée, un investissement futur mal capitalisé pour confiner ensuite le premier sport national dans une situation fantomatique de laquelle les instances sportives nationales ne sont jamais parvenues à s'extirper. Après les campagnes heureuses et porteuses d'espoir d'Espagne (1982) et du Mexique (1986), c'est au lendemain de la Coupe d'Afrique des nations de 1990 (Algérie) que vont se succéder les expériences pour monter une équipe nationale digne d'une génération désormais éteinte, mais des expériences possibles que peuvent tenter, tentent et ont tenté auparavant des Algériens nés ou vivant en dehors des frontières nationales. Illustres inconnus, joueurs du deuxième degré, éléments valables mais parfois à l'instabilité chronique, une instabilité pas forcément en relation avec les aptitudes sportives du joueur concerné mais qui déteint néanmoins sur ses qualités. Nous citerons le cas le plus spectaculaire, celui de l'ex-joueur professionnel des Aiglons de Nice en l'occurrence. En fait, il n'y a pas lieu de se voiler la face et d'admettre ou de faire admettre que les joueurs nationaux qui évoluent à l'étranger et font partie du onze national ne sont pas la quintessence de ce qui se fait de meilleur en dehors des frontières. Preuve en est donnée qu'ils ne se comptent même pas sur les doigts d'une main ceux qui évoluent à un niveau supérieur des championnats européens et si tant est qu'il existe une exception, les clubs employeurs sont loin d'être des épouvantails de la compétition d'une part et les joueurs algériens qui en feraient partie y sont rarement titulaires à part entière. Face à une telle réalité, ceux qui optent pour le maillot national ont toutes les raisons de le faire parce qu'il s'agit tout d'abord d'un statut valorisant, qui vaut son pesant d'or encore au sein des clubs employeurs et, partant, assure une marge de manœuvre appréciable dans toute carrière sportive engagée. A leur tour, les clubs employeurs ont l'avantage de négocier toutes les transactions commerciales autour de ce joueur au nom de son seul statut d'international et peu importe en réalité sa valeur intrinsèque. Pis, certains joueurs évoluant dans le championnat national, qui n'ont jamais eu l'heur d'être «remarqués» par les sélectionneurs locaux, voire les dirigeants de clubs nationaux ou leurs recruteurs, sont très rapidement et par un merveilleux hasard statufiés dès lors qu'ils ont l'opportunité de jouer dans des clubs parmi les plus modestes (Avignon, Bastia, Istres, Issy-les-Moulineaux) de l'Hexagone ou d'Allemagne (Bundesliga), voire d'Italie ou d'Espagne. A partir d'un tel intérêt, il n'en devient que plus probant que des éléments de valeur moyenne et souvent d'illustres inconnus acceptent, sinon saisissent, et sautent à pieds joints sur la première convocation du sélectionneur national. Ce qui ne risque pas d'être le cas pour une éventuelle sélection du pays de résidence habituelle comme la France, l'Allemagne et le reste de l'Europe où, par la grâce des nouvelles règles communautaires, n'importe quel joueur peut jouer dans n'importe quel pays. Une réalité qui restreint d'une manière drastique les possibilités aux joueurs algériens, même français, en vertu du droit du sol, de s'imposer sans risques, l'égalité des chances tombant souvent pour des raisons vraiment arbitraires. Il serait incomplet de souligner également qu'au-delà de toutes ces raisons plutôt terre-à-terre, les joueurs algériens nés et évoluant à l'étranger ont également un autre avantage, de taille celui-là : bonifier leur niveau technique à travers les compétitions officielles continentales et, par voie de conséquence, prendre plus de volume sur tous les plans. Une opportunité si peu évidente à obtenir ailleurs, autrement dit dans leur club d'origine. La morale de l'histoire est que tout le monde gagne dans cette affaire, excepté forcément les valeurs réelles et autres vrais talents opérant dans les différentes compétitions nationales et qui n'ont malheureusement pas l'avantage d'être testés ou de bénéficier d'une quelconque chance au nom de… l'égalité des chances pour un même challenge. Mais ce qui est bon pour l'équipe nationale l'est également pour les clubs qui ont mis de côté la formation pour ne s'occuper que du résultat immédiat. A. L.