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«Les CET sont une alternative sérieuse aux décharges sauvages» Entretien avec Djamel Eddine Chelghoum, P-DG de Amenhyd (Aménagement, environnement et hydraulique)
Propos recueillis par Abdelghani Aïchoun LA TRIBUNE : Avant toute chose, donnez-nous un aperçu général de l'entreprise Amenhyd… M. Chelghoum : Amenhyd est une entreprise qui active dans les domaines de l'hydraulique et de l'environnement. Concernant ce dernier créneau, nous sommes spécialisés dans le traitement des déchets, c'est-à-dire la réalisation des centres d'enfouissement technique et la réhabilitation des décharges sauvages. Quant à l'hydraulique, nous travaillons, entre autres, pour la réalisation des petits et moyens barrages, pour l'adduction d'eau, pour l'assainissement, pour les stations de traitement, pour stations de lagunage, etc. Voici, en quelques mots, les deux axes principaux de nos activités. A propos des effectifs, Amenhyd, qui vient de fêter son vingtième anniversaire, emploie 1 100 salariés, et nous projetons d'atteindre 1 600 d'ici à 2009. Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, puisqu'il y a à peine quelques jours, on a fêté la Journée mondiale de l'environnement, de quelle manière votre entreprise contribue-t-elle à sa sauvegarde, puisque vous en faites une priorité ? Auparavant, Amenhyd activait seulement dans l'hydraulique. Elle est venue à l'environnement en 1999, il n'y avait pas encore de centres d'enfouissement technique, il n'y avait que des décharges sauvages. A l'époque, je me disais déjà qu'on ne pouvait pas continuer de la sorte. C'est donc à partir de là que j'ai commencé à m'intéresser à l'environnement. La wilaya d'Alger a été confrontée à un problème sérieux au niveau d'une décharge sauvage, au point que les déchets étaient déversés en pleine rue. En tant qu'entreprise, nous avons fait du volontariat pour nettoyer et ouvrir des accès au site. Après avoir terminé, nous nous sommes vu confier la réalisation d'un centre d'enfouissement technique sur le site. C'est de la sorte que nous avons réalisé le premier CET en Algérie. Actuellement, à Ouled Fayet, il y a cinq casiers, qui sont étanches, le sous-sol reste protégé. En plus de l'étanchéité, il y a un système de drainage. Il y a des améliorations à faire, bien sûr. Aujourd'hui, six ans après, une quarantaine de wilayas ont déjà leurs CET et nous en avons réalisé près de 80%. C'est une révolution en matière de traitement des déchets. Ça devient une culture. Après avoir réalisé ces CET, on commence à réfléchir sur la manière dont doivent se faire la collecte et le tri des déchets. Durant l'année 2007, une réflexion a été engagée au niveau du ministère de l'Environnement pour que tous les CET soient équipés de centres de tri. Aujourd'hui, c'est avec plaisir que j'apprends, même au niveau de l'ANSEJ, qu'ils encouragent les jeunes à créer des centres de tri. A partir du tri, on peut revaloriser un tas de déchets et même fabriquer du compost, c'est-à-dire des engrais pour l'agriculture. Dernièrement, j'ai rencontré une jeune fille qui a mis ce projet en pratique dans la wilaya de Tipasa. Le ministère de l'Environnement a lancé des opérations pilotes dans cinq ou six wilayas. C'est ainsi qu'on améliorera notre cadre de vie, qui s'est dégradé ces derniers temps. Vous pensez, avec les CET, qu'il n'y a aucune atteinte à l'environnement, puisqu'on parle beaucoup des biogaz et des lixiviats… Dans un CET, il y a trois axes principaux. Premièrement, les casiers dans lesquels on enfouit les déchets doivent avoir leurs sous-sols étanches auxquels on ajoute une étanchéité artificielle. Deuxièmement, les déchets produisent des lixiviats. Il y a donc un système de drainage pour les récupérer et les amener vers une station de traitement avant leur rejet dans le milieu naturel. Troisièmement, la décomposition des déchets génère des biogaz. C'est pour cela qu'on place un système de captage. Ailleurs, ils sont aussi utilisés pour la fabrication d'électricité. Une fois les casiers pleins, ils doivent également être recouverts d'une étanchéité. Au niveau du CET d'Ouled Fayet, par exemple, souvent des citoyens nous disent que le site est fermé, parce que tout simplement il n'y a plus ni fumée ni odeur. Donc, les centres d'enfouissement technique sont aujourd'hui équipés de ces systèmes-là… Certains centres d'enfouissement sont équipés de systèmes de récupération des lixiviats et de lagunes, et les nouveaux sont carrément projetés avec des stations de traitement proprement dites. Pour la collecte et la combustion des biogaz, ça se fait en cours d'exploitation, car cela ne peut pas se faire avant. Aujourd'hui, au niveau du ministère de l'Environnement, les projets de CET sont lancés avec leurs unités de tri des déchets et stations de traitement des lixiviats. L'Etat a mis les moyens pour sauvegarder l'environnement. Maintenant, on donne beaucoup plus d'importance à ce secteur. Il y a même des APC qui lancent des projets de CET, sur leurs propres budgets. Les citoyens sont devenus aussi exigeants et réclament souvent la fermeture des décharges sauvages qui se trouvent à proximité de chez eux. Les stations de traitement continuent à fonctionner même après qu'un CET est fermé… Comme je l'ai dit avant, quand un casier est rempli, il est recouvert d'étanchéité. Mais les déchets continueront à se dégrader en générant des biogaz et des lixiviats pour plusieurs années après. Le site reste sous contrôle post-exploitation. D'ailleurs, Le ministère de l'Environnement a décidé de réhabiliter la décharge de Oued Smar pour en faire un jardin public. Cela veut dire que l'Etat a mis les gros moyens. Il y a aussi un programme pour éradiquer plus de 1 500 décharges sauvages à travers le territoire national, comme il y a un programme de réalisation, pour 2008–2009, d'au moins 50 CET. Il faut qu'il y ait une nouvelle méthode pour gérer la collecte des ordures. Vous ne pouvez pas maîtriser un CET quand vous avez plus de 700 camions tous les jours. C'est impossible. Ces décharges contrôlées exigent aussi une manière de collecte.