Photo : Sahel Par Youcef Salami Un consensus autour d'une réduction des quotas de production OPEP est en train de se dégager, à trois jours de la prochaine conférence ministérielle de l'organisation pétrolière. Il pourrait prendre forme, au cours de la réunion de l'organisation attendue à Vienne le 15 mars. C'est ce qu'a laissé transparaître Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, invité hier au club El Moudjahid. Le ministre a avancé que c'est le marché qui veut une baisse de production, expliquant que nombre d'opérateurs sur les marchés demandent aujourd'hui que soit opérée une coupe dans l'offre pétrolière mondiale. Mais dans quelle proportion ? L'invité du club El Moudjahid a fait savoir qu'il y a des opérateurs qui proposent une diminution de 0,5 million de barils par jour, qu'il y en a d'autres qui demandent 1,5 million de barils par jour. Chakib Khelil a noté que l'OPEP a mis presque six mois pour redresser les marchés et que, si elle ne réduit pas lors de la rencontre du 15 mars, les prix chuteront davantage. A fin 2008, l'OPEP a retiré du marché 4,2 millions de barils/jour, une baisse qui a produit des effets relativement positifs et à laquelle tous les pays OPEP ont souscrit. Le ministre a souligné dans ce chapitre que la décision de baisse (2,2 millions de barils par jour) engagée à Oran est appliquée à hauteur de 85%. C'est un taux appréciable, a-t-il déclaré. Mais jusqu'où pourrait aller la dégringolade des cours du pétrole ? Et quelles en seront les conséquences si la déprime des marchés continue ? Le conférencier a estimé que l'Algérie reste à l'abri des aléas des marchés. Des indices ? Le pétrole algérien se vend aujourd'hui à 47 dollars et, à ce prix, l'Algérie devrait dégager pour 2009 des recettes pétrolières oscillant entre trente et quarante milliards de dollars, a-t-il avancé. Sur les deux premiers mois de 2009, elle exporté pour près de sept milliards de dollars. Et, pendant que les déclarations liées à une probable baisse de l'offre pétrolière de l'OPEP se multiplient, la volatilité des cours se poursuit sur les marchés. Hier, les prix se sont légèrement repliés. Le brent de la mer du Nord pour livraison en avril cédait 37 cents, sur l'InterContinental Exchange de Londres, par rapport à la clôture de la veille, à 43,59 dollars le baril. A New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en avril perdait 52 cents à 45,19 dollars. Après un recul du pétrole new-yorkais de plus d'un dollar mardi dernier, lâchant une partie des gains accumulés lors des séances précédentes, les cours du pétrole restaient faibles des deux côtés de l'Atlantique. Les opérateurs cités plus haut par le ministre de l'Energie et des Mines restent inquiets sur l'état de la demande et indécis quant à l'issue de la réunion de l'OPEP. Une nouvelle révision à la baisse de la demande pétrolière mondiale est conformée par l'AIE, par des commentaires du Fonds monétaire international (FMI) et par des indicateurs économiques. Le dernier rapport en date de l'Agence d'information sur l'énergie (AEI) continuait à peser sur les cours. L'agence a une nouvelle fois revu à la baisse sa prévision de consommation mondiale de pétrole, qu'elle voit reculer de 1,4 million de barils par jour (mbj) cette année. L'AIE souhaite des cours qui gravitent autour de quarante dollars le baril. Mais à ce prix, il serait difficile d'engager des investissements dans le secteur des hydrocarbures, notait récemment l'OPEP dans un communiqué diffusé à Vienne. Dans un autre registre, Chakib Khelil est revenu sur l'accord stratégique sur l'énergie que l'Algérie est en train de négocier avec l'Union européenne. Si les deux parties arrivent à le conclure, cet accord sera-t-il appliqué à tous les pays membres de l'UE ? Chakib Khelil en doute, estimant que derrière les discussions autour de cet accord «se cachent des intérêts d'industriels» se rapportant à la concurrence sur les marchés de l'énergie. Chakib Khelil a expliqué à ce sujet que des compagnies monopolistes ne veulent pas de «concurrents» sur un terrain qu'elles considèrent comme conquis. La preuve, Sonatrach rencontre des difficultés sur le marché espagnol, les Espagnols lui refusaient de créer une filiale de commercialisation du gaz algérien sur leur marché. Et pourtant, le marché ibérique est ouvert à la concurrence. Au départ, les autorités espagnoles imposaient à la compagnie nationale des hydrocarbures un volume limitatif qu'elle pouvait mettre sur le marché. Il aura fallu des mois de négociations pour ramener les Espagnols à de meilleurs sentiments. Le ministre a rappelé les discussions qu'il a eues avec son homologue espagnol, il y a quelques jours à Madrid. Au cours de cette visite en Espagne, Chakib Khelil a abordé avec les autorités espagnoles, entre autres, la révision des prix du gaz livré à l'Espagne via le gazoduc Maghreb Europe (GME). L'invité d'El Moudjahid a, par ailleurs, évoqué la question des prix du gaz pratiqués sur le marché algérien, des prix que l'OMC souhaite qu'ils soient alignés sur les marchés internationaux. Chakib Khelil a déclaré que l'Algérie n'a pas à réajuster ses prix. Sur les prix à la pompe, il a avancé que, sur le long terme, ceux-ci pourraient être revus à la hausse.