La Ligue nationale de la réflexion et de la culture a organisé, les 10 et 11 mars, à la salle Ibn Zeydoun de l'OREF, le 1er colloque national sur la problématique de la lecture et du lectorat intitulé «Réalités et perspectives de la lecture en Algérie». Le colloque a été animé par de nombreux chercheurs et universitaires venus de différentes wilayas du pays.Lors de cette rencontre, le débat s'est articulé autour de la réalité de la lecture en Algérie, de son concept, de ses lacunes, et du rôle des différents protagonistes, à tous les niveaux sociopolitiques, qui contribuent à sa promotion ou à sa dégradation. Dans la première intervention animée par l'universitaire Mohamed Saïdi, il est souligné que la genèse de la crise de la lecture dans notre pays remonte aux premières années de l'indépendance, marquée par l'absence d'un réel projet culturel qui soit en adéquation avec la richesse de notre héritage culturel. Ainsi, «tout ce qui a été entrepris jusqu'à présent, ce sont des manifestations culturelles ponctuelles et conjoncturelles qui ont contribué à la dévalorisation de la lecture et à la déliquescence du lectorat algérien».Mohamed Saïdi a, par ailleurs, mis en exergue l'importance du rôle de la cellule familiale dans l'encouragement des activités culturelles, dont la lecture. Une implication qui reste défaillante dans notre société à cause de nombreux facteurs socioculturels. Pour sa part, Nourredine Bakria, universitaire et journaliste, à travers son intervention intitulée «Crise de la lecture… crise de l'intellectuel» a estimé que la crise de la lecture et du livre est étroitement liée au manque de statut que vit l'intellectuel algérien. Ainsi, la perception de la lecture et du livre en Algérie est étroitement liée à la perception dévalorisante de l'intellectuel qui subit maintes pressions socio-économiques. Dès lors, la problématique de la lecture ne peut pas être résolue si on ne revalorise pas le rôle de l'intellectuel dans notre pays. Nourredine Bakria a, de ce fait, souligné le rôle des partis politiques qui préfèrent mettre aux postes clés des hommes d'affaires et d'influence plutôt que des universitaires ou des intellectuels. En conséquence, il ne faudrait pas s'étonner que l'Algérien donne plus de valeur aux richesses matérielles qu'à celles de l'esprit. L'intervenant a aussi relevé l'importance de l'existence de mécènes, à l'instar de ce qui se fait dans de nombreux pays, pour la création de fondations ou d'universités afin de redonner à l'intellectuel un véritable statut dans la société et redonner de facto à la lecture ses lettres de noblesse. Quant à l'universitaire Faycal Ahmer, il a présenté les différents aspects du concept de la notion de lecture à travers différentes dualités, dont celle de la lecture active/passive, pédagogique/générale, linéaire/diagonale.Il a ensuite posé le problème de l'absence d'une réelle gestion politique du secteur du livre et cela à tous les niveaux dont le plus important est celui de la promotion de la lecture à l'école.Ainsi, il existe une véritable crise dans le système scolaire, marqué par l'absence de bibliothèques et l'absence d'outils pédagogiques qui permettent à l'enfant de s'habituer à l'effort et de développer une prédisposition à la lecture. Au final, le système éducatif engendre des adultes qui ne possèdent pas un background livresque suffisant pour développer un lectorat important, tant au point de vue quantitatif que qualitatif. S. A.