Jugeant que les Etats-Unis avaient «échappé au risque» de connaître une grande dépression comme celle de 1929, le président de la Banque centrale américaine, Ben Bernake, a déclaré que la reprise économique aux Etats-Unis devrait commencer au début de l'année prochaine. Ainsi, après la pire récession depuis des décennies, l'économie américaine pourrait connaître le redémarrage. «Nous allons voir la fin de la récession probablement cette année et nous verrons la reprise au début de l'année prochaine. Elle va s'accélérer avec le temps», a-t-il déclaré dans sa première entrevue télévisée dimanche dernier. Les prévisions du président de la Fed font également part de la dégradation des chiffres de l'emploi. Le taux de chômage va dépasser, selon lui, les 8,1% affichés en février. Toutefois, il reste rassurant sur les perspectives en matière d'emplois. Il a en effet indiqué voir déjà quelques «bourgeons» annonçant des temps meilleurs. Il n'en a pas dit plus. «Je pense que, si nous arrivons à stabiliser le système financier, nous allons voir un déclin moins rapide, avant une stabilisation qui va servir de fondement à la reprise», a insisté M. Bernanke. Concernant la finance, il a aussi voulu lancer un message positif. Les grandes banques américaines «ne vont pas faire faillite», a-t-il dit, alors que le gouvernement est en train de passer leur comptabilité au crible pour tenter de déterminer exactement l'ampleur des dégâts causés par les actifs douteux accumulés pendant le boom immobilier et les recapitaliser en fonction. Il a toutefois estimé que, si nécessaire, les autorités devraient désamorcer la situation en évitant la faillite mais en forçant une entreprise à se restructurer de manière ordonnée. Il a également appelé à une «régulation plus sévère des grandes entreprises» et à la mise en place d'une autorité de régulation ayant la capacité d'«observer le système dans son ensemble». Pour le patron de la Fed, le plus grand risque pour l'économie à l'heure actuelle est «que nous n'ayons pas la volonté politique. Que nous n'ayons pas la volonté de résoudre ce problème et qu'on laisse les choses suivre leur cours». Un message pour ceux qui estiment que le système financier a englouti assez de deniers publics et qu'il est temps maintenant de laisser s'opérer une sélection naturelle. «Je crois que nous avons dépassé cela et le problème maintenant est de faire fonctionner la machine correctement.» Un message qui intervient au moment où la production industrielle américaine est en chute. Cette dernière a baissé en février pour le quatrième mois de suite, reculant de 1,4% par rapport à janvier, pour tomber au plus bas depuis sept ans, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées hier par la Réserve fédérale américaine et reprises par les agences. A titre indicatif, c'est la première fois en 20 ans qu'un patron en exercice de la Fed, la banque centrale la plus puissante du monde, accorde un entretien télévisé. Un signe de la gravité de la situation et de la nécessité, aux yeux de la Fed, d'expliquer la situation au grand public. R. E.