La reprise économique aux Etats-Unis devrait commencer au début de l'année prochaine, après la pire récession depuis des décennies, a affirmé dimanche le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke dans sa première entrevue télévisée. "Nous allons voir la fin de la récession probablement cette année et nous verrons la reprise au début de l'année prochaine. Elle va s'accélérer avec le temps", a déclaré le patron de la Fed dans cette entretien accordé à 60 minutes, l'émission d'information phare de la chaîne CBS. Selon CBS, c'est la première fois en 20 ans qu'un patron en exercice de la Fed, la banque centrale la plus puissante du monde, accorde un entretien télévisé. Un signe de la gravité de la situation et de la nécessité, aux yeux de la Fed, d'expliquer la situation au grand public. Il a reconnu que le marché de l'emploi allait encore se dégrader et le taux de chômage dépasser les 8,1% affichés en février, mais a indiqué voir déjà quelques "bourgeons" annonçant des temps meilleurs. Il n'en a pas dit plus. "Je pense que si nous arrivons à stabiliser le système financier, nous allons voir un déclin moins rapide, avant une stabilisation qui va servir de fondement à la reprise", a insisté M. Bernanke, dans cet interview enregistré mercredi. Des propos qui se veulent rassurants alors que plus de la moitié des 4,4 millions d'emplois qui ont été rayés de la carte aux Etats-Unis depuis le début de la récession en décembre 2007 ont été perdus au cours des quatre derniers mois. Sur le front de la finance, M. Bernanke, dont les équipes sont au front pour tenter de mesurer exactement la portée de la crise bancaire et trouver un remède durable, a aussi voulu lancer un message positif. Les grandes banques américaines "ne vont pas faire faillite", a dit le patron de la Fed, alors que le gouvernement est en train de passer leur comptabilité au crible pour tenter de déterminer exactement l'ampleur des dégâts causés par les actifs douteux accumulés pendant le boum immobilier et les recapitaliser en fonction. Il a toutefois estimé que, si nécessaire, les autorités devraient désamorcer la situation en évitant la faillite mais en forçant une entreprise à se restructurer de manière ordonnée. Il a également appelé à une "régulation plus sévère des grandes entreprises" et à la mise en place d'une autorité de régulation ayant la capacité "d'observer le système dans son ensemble". Pour le patron de la Fed, le plus grand risque pour l'économie à l'heure actuelle est "que nous n'ayons pas la volonté politique. Que nous n'ayons pas la volonté de résoudre ce problème et qu'on laisse les choses suivre leur cours". Un message pour ceux qui estiment que le système financier a englouti assez de deniers publics et qu'il est temps maintenant de laisser s'opérer une sélection naturelle. En revanche, M. Bernanke a jugé que les Etats-Unis avaient "échappé au risque" de connaître une Grande Dépression comme celle qui avait frappé le pays après le krach boursier de 1929. "Je crois que nous avons dépassé cela et le problème maintenant est de faire fonctionner la machine correctement". Le président de la Fed a néanmoins avoué que le système financier mondial était "très proche" de l'effondrement à l'automne dernier. "C'était très proche. C'était très proche", a répété M. Bernanke, soulignant que le Congrès américain n'avait autorisé le gouvernement à recapitaliser les banques que quelques jours avant le pire moment de la crise en octobre 2008.