Il est sûrement injuste de pénaliser tout le monde à cause de quelques délinquants qui devraient être repérés et interdits de stade. Le spectacle doit continuer incontestablement, mais pas à n'importe quel prix. Le stade de Bologhine (Omar Hamadi), qui accueillera donc demain le grand derby de la capitale, se déroulera devant des gradins vides. La LNF a imposé le huis clos au club de Soustara pour jets de fumigènes. Coup dur pour les milliers de supporters de l'USMA et du MCA, qui allaient envahir le stade de Bologhine, d'autant plus que les deux formations affichent une forme éblouissante en ce moment. Nous ne nous réveillerons donc pas demain matin au bruit des klaxons, il n'y aura pas embouteillage sur le chemin menant vers Bab El Oued et Bologhine, pas de drapeaux, pas de chants, pas de derbouka ni tambours. Il n'y aura pas de gros frissons à l'entrée des deux équipes pour les quinze mille fous de foot et de leurs équipes qui font qu'un derby soit un derby et que le billet d'entrée ouvre les portes du paradis. Un pétard, un fumigène, une loi absurde derrière laquelle on cache l'incapacité à prendre une «autre décision» et voilà le derby de la capitale qui se joue à huis clos. Match très attendu de surcroît où la passion passe du simple au double. Silence, on joue ! Décidément, on n'aura rien épargné à ce football, et le derby se jouera dans le huis clos des maisons et des cafés, là où «Vert et Rouge» et «Rouge et Noir» se mélangeront dans le virage et les gradins. Ceux qui ont pris la décision seront, peut-être, sûrement installés aux premières loges à Bologhine. Un derby encore sous le signe de l'indécision et qui arrive au bon moment pour les deux équipes qui marchent fort, une autre bonne performance qui ramène un peu de sérénité dans l'un des deux camps. Sur un plan purement comptable, les deux équipes ne sont pas loin l'une de l'autre, avec une USM Alger 5e, qui a marqué plus (22 contre 20), et un MC Alger 7e qui a encaissé moins (27 contre 26). Beau duel en perspective avec toujours pour clé l'entrejeu où toutes les batailles se perdent ou se gagnent, où l'on ira chercher les certitudes pour faire douter et plier l'adversaire. D'un côté comme de l'autre, on déplorera l'absence de Hadjadj, de Kheniche et de Bencharif et c'est l'USM Alger qui perdra sans doute le plus au change tellement son gardien Zemamouche a pris de l'importance dans le dispositif de son équipe. Mais on doit bien faire avec, et le derby sera une explication très musclée. D'accord donc pour l'entrejeu, mais faut-il que la défense tienne et que l'attaque joue son rôle ? Autant de défis et d'enjeux à la fois avec pour grand point d'interrogation l'absence du public. A qui profitera-t-elle ? Handicap ou avantage ? Un souci de moins pour le staff technique et les joueurs ou alors une absence insurmontable ? Nous ne saurons finalement répondre à toutes ces interrogations. Sans être trop alarmistes, le phénomène germe chez nous, et il ne faut surtout pas qu'il se développe, jusqu'à aboutir aux batailles rangées entre supporters du vrai hooliganisme. Si jouer dans un stade vide n'a pas de sens, il n'en reste pas moins que c'est une excellente réponse à certains malintentionnés aux comportements anti-sociaux... Si les jets d'objets divers commencent à devenir monnaie courante dans nos arènes sportives, il faut frapper un grand coup aux fins d'éloigner un tant soit peu tous ceux qui ne croient pas aux principes de civilité et tous ceux qui sont dépourvus de bon sens. Le huis clos est le juste moyen de prévention, même si, dans notre for intérieur, on est conscients qu'il cause des préjudices moraux et financiers au sport, et il faut l'accepter sans chicaner. M. G.