Considérer le monde du sport comme idyllique et baigné de valeurs forcément positives relève plus du rêve que de la réalité. Qu'on le veuille ou non, le sport n'est pas un espace protégé ; il est imbriqué dans les mécanismes sociaux, économiques et politiques. D'autres disent qu'à l'image de son histoire, il porte en lui des valeurs violentes quand il a pour unique objectif de vaincre l'autre à tout prix. Le sport désigne toute activité physique déployée individuellement ou collectivement autour d'un jeu. Le plaisir et la passion qui nourrissent la pratique et motivent les pratiquants n'ont cependant pas les mêmes conséquences selon les disciplines, les objectifs recherchés, les formules de rencontre ou de compétition, les enjeux symboliques ou matériels. Lieu privilégié d'expérimentation de la dimension collective, du respect des règles et du dépassement de soi, il permet, sous certaines conditions, de mener un travail sur les conduites et les valeurs. Ainsi devient-il un facteur de socialisation et de régulation des comportements. Même si juridiquement le sport n'existe pratiquement qu'en situation de compétition, de nombreuses activités physiques et sportives permettent de progresser dans la recherche de la maîtrise de soi et du bien-être. Le sport s'apparente au conflit pour certains zélés qui cherchent le résultat au détriment de la formation et du travail de longue haleine, seuls garants pour l'avenir du club. A force de chercher les résultats immédiats, le sport provoque chez les supporters chauffés à blanc, les dirigeants et les autres spectateurs des sensations, éveille des émotions et déclenche des comportements inadmissibles. C'est précisément les sanctions qui peuvent, parfois, se révéler un excellent outil d'éducation à la relation et à la gestion des conflits. Mais, en dépit des différentes sanctions prononcées par la LNF à l'encontre des clubs, le constat est le même. La violence constitue toujours le quotidien des supporters qui redoublent de férocité chaque week-end. Mais, hommes de plume, dirigeants, sages, anciens joueurs, FAF, LNF, s'accordent tous à dire que la sanction du huis clos est une fausse solution à un vrai problème, la violence dans et aux alentours de nos stades. Il est sûrement injuste de pénaliser tout le monde à cause de quelques délinquants qui devraient être repérés et interdits de stades. Le spectacle doit continuer incontestablement, mais pas à n'importe quel prix. Sans être trop alarmiste, le phénomène germe chez nous, et il ne faut surtout pas qu'il se développe, jusqu'à aboutir aux batailles rangées entre supporters du vrai hooliganisme. Si jouer dans un stade vide n'a pas de sens, il n'en reste pas moins que c'est une excellente réponse à certains malintentionnés aux comportements antisociaux... Si les jets d'objets divers commencent à devenir monnaie courante dans nos arènes sportives, il serait dangereux de ne pas frapper un grand coup aux fins d'éloigner un tant soit peu tous ceux qui ne croient pas aux principes de civilité, et tous ceux qui sont dépourvus de bon sens. Faut-il attendre qu'un jour, un joueur, un spectateur, un ramasseur de balle, un arbitre, ou un reporter décède, pour prendre certaines mesures ? Le huis clos est le juste moyen de prévention, même si, dans notre for intérieur, nous sommes conscients qu'il porte des préjudices moraux et financiers au sport, et qu'il faut l'accepter sans chicaner davantage. Heureusement, pour le moment, les violences liées aux supporters sont le plus souvent le fait d'une minorité d'individus isolés. Nul doute que cela impose de définir une réponse spécifique et personnalisée à ces dérives qui sont des infractions de droit commun et qui doivent être, à juste titre, jugées au même titre que celles qui n'ont aucun lien direct ou indirect avec le sport. Il y a bien entendu d'autres choses dont on ne parle quasiment pas, et qu'il ne faut pas non plus négliger parce que source de grande frustration chez les supporters. Il y a matière à reprocher dans les conditions d'accueil des supporters qu'il faut absolument optimiser. Certaines banderoles fièrement accrochées dans les enceintes devraient être contrôlées plus à l'avenir, puisque injurieuses. La liste du matériel autorisé par les comités des supporters doit être clairement définie, et non aléatoire d'une arène à une autre. Et puis, surtout, les prix des places qui ne sont jamais fixes, et qui génèrent, parfois, des critiques acerbes de la part des jeunes supporters. Si l'on corrige ces quatre réalités, on aura fait beaucoup dans le bon sens, et il ne restera que la multiplication des campagnes de sensibilisation aux valeurs du sport. Nous sommes tous conscients, en guise de conclusion, que le sport ne doit en aucun cas servir de support à l'expression de comportements agressifs et violents, et nous sommes tous concernés par cette tâche ambitieuse dont l'objectif est de faire reculer les incivilités et les violences. Y. B.