Temmar a donné le ton la semaine dernière. Il n'a pas mâché ses mots quant au retard enregistré dans le développement de l'industrie alimentaire, devant un parterre de participants à une journée d'étude dédiée à cette industrie en Algérie. «Il n'est pas normal que nous puissions ainsi continuer à importer massivement des biens qui viennent de pays qui sont moins bien placés que nous sur le plan des produits agricoles, alors que nous devrions en être exportateurs», a martelé le ministre. Mais, au-delà de la dangerosité de la situation caractérisée par des importations tous azimuts, il faut dire que le secteur agroalimentaire a été aussi négligé par les opérateurs nationaux et même les investisseurs étrangers. Pour quelle raison ? La question reste pendante. Les investissements dans ce créneau se comptent sur les doigts. L'agriculture serait-elle derrière cette situation ? Certains spécialistes au fait de la question affirment que le secteur agricole est en partie responsable de cet état déplorable, mais, ils ne cachent pas outre mesure que d'autres facteurs sont derrière cette stagnation. On a même assisté à la disparition de certaines filières. Bref, le constat est connu, place à une alternative pouvant donner «un nouveau souffle» à un secteur vital pour le pays. Assurer, en fait, la sécurité alimentaire n'est pas l'apanage de l'agriculture ni de l'agroalimentaire uniquement, affirme-t-on. Une stratégie alimentaire doit voir le jour, estiment les spécialistes. Elle doit se baser et se concentrer principalement sur l'innovation technologique et organisationnelle qui doit constituer un des facteurs essentiels de modernisation de l'agriculture et de l'agroalimentaire. La maîtrise de la technologie et de la qualité permet aux entreprises de pénétrer les marchés internationaux. Cela passe inéluctablement par leur capacité de fabriquer des produits conformes aux normes internationales et acquérir des labels. L'autre moteur de cette stratégie est la recherche scientifique considérée comme un point crucial dans ce secteur.Pour les spécialistes, cette stratégie suppose également une action coordonnée, impliquant divers ministères et services intéressés et intégrant les politiques, les projets et les entreprises. Une coordination qui pourrait faciliter la prise de décision dans le temps des différentes activités. L'autre point nodal auquel les pouvoirs publics doivent donner une importance cruciale est le management et les ressources humaines, en raison des retards importants constatés dans les entreprises en matière d'organisation, d'animation et de gestion des ressources humaines. Globalement, pour sortir du «ghetto alimentaire», l'affaire n'est pas jouée d'avance sans une synergie entre l'industrie et l'agriculture. Deux moteurs qui font ailleurs le bonheur d'une industrie très puissante. Qui, en l'espace de quelques années, a réussi même à imposer ses lois sur des pays géants mais incapables d'assurer une autosuffisance alimentaire. L'enjeu, donc, est majeur. S. B.