Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Abdelhamid Temmar s'inquiète de l'augmentation des importations alimentaires. Intervenant hier à l'ouverture d'une journée d'étude ayant pour thème «la contribution des industries agroalimentaires nationales à la sécurité alimentaire», organisée par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, il a dit sans ambages qu'«il n'est pas normal que nous puissions ainsi continuer à importer massivement des biens qui viennent de pays moins bien placés que nous sur le plan des produits agricoles, alors que nous devrions en être exportateurs». Pour M. Temmar, l'exemple frappant est celui de la facture des importations des produits agroalimentaires qui est passée de 2,5 milliards de dollars en 2003 à 8 milliards de dollars en 2008. Une seule solution, selon lui, pour réduire cette facture salée : soutenir, promouvoir et développer la production nationale. Ainsi toute une stratégie doit être mise en branle afin de faire de cet objectif une réalité sur le terrain. Et c'est dans cette optique, avoue-t-il, que plusieurs branches ont été déjà identifiées dans le cadre de la stratégie industrielle. Selon ses dires, la stratégie est déjà prête. «Elle sera présentée au gouvernement après les élections», promet-il, estimant que certaines branches qui ne sont pas stratégiques pourraient être revues. La journée d'étude organisée hier a été consacrée au secteur de l'agroalimentaire. Un secteur, considère le ministre, stratégique qu'il «faut mettre en exergue». Les grandes lignes tracées par M. Temmar pour concrétiser la stratégie qui concernera le secteur agroalimentaire se résume en trois points cruciaux : stricte régulation du marché, promotion de la production nationale et complémentarité entre le secteur de l'industrie et celui de l'agriculture. Par ailleurs, il a invité les opérateurs économiques à se mutualiser afin de prendre en charge les différentes préoccupations de cette branche, annonçant, parallèlement la mise en place de «centres techniques industriels». «Ces derniers, affirme-t-il, doivent mettre à la disposition des industriels ce qu'ils ne peuvent pas mutualiser», tels les équipements, les centres de recherche… Il a expliqué que cette option existe déjà et elle est appliquée dans d'autres branches comme celle de la production de ciment. L'autre point sur lequel le ministre a mis l'accent est l'association des opérateurs dans la mise en œuvre de cette stratégie. «Il est impossible de pouvoir monter la stratégie industrielle sans que les opérateurs soient concernés», a-t-il dit. De son côté M. Nouad Mohamed Amokrane, docteur en agronomie, a dressé un constat peu reluisant de cette branche industrielle en Algérie. Pour lui, l'une des faiblesses principales du secteur est que la mise sur le marché des produits agroalimentaires présente beaucoup de problèmes : «La production est pulvérisée et manque de groupements de producteurs en mesure de gérer la mise en marché, y compris les prétraitements à la ferme et une qualité disparate des produits et leur inadaptation par rapport à la demande industrielle.» En plus, soutient-il, «le commerce de gros est presque totalement informel. A l'exception de certains importateurs, les grands commerçants ont un faible degré de spécialisation, des capacités de conservation et de transport autonomes limitées, et n'ont aucune transparence dans les transactions commerciales, ni du point de vue de la qualité ni du point de vue fiscal». Ce qui limite, à ses yeux, «les possibilités d'approvisionnement de l'industrie par l'intermédiaire du commerce de gros, mais aussi l'écoulement des produits, obligeant les entreprises plus grandes à créer leurs propres réseaux de distribution».Signalons enfin que les recommandations de cette rencontre seront soumises au ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements pour être prises en charge dans le cadre de la stratégie industrielle.