La facture alimentaire a été multipliée par trois : elle est passée de 2,5 milliards de dollars en 2003 à près de 8 milliards de dollars en 2008. La réduction de la valeur des importations alimentaires et la maximisation des recettes d'exportation. C'est l'objectif que souhaitent atteindre les pouvoirs publics, en cherchant à soutenir le secteur des industries agroalimentaire. C'est du moins ce qui ressort de la journée d'étude sur le programme d'appui stratégique au secteur des industries agroalimentaires, organisée hier à l'hôtel El-Aurassi (Alger) par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. La politique économique suivie jusque-là, malgré tout le volontarisme dont elle a toujours été empreinte, n'a pas pu empêcher le développement des importations alimentaires au détriment de produits qui pouvaient être fournis par le marché local ; ainsi, notre facture alimentaire à l'importation a presque quadruplé en cinq ans, passant de 2,5 milliards de dollars en 2003 à près de 8 milliards de dollars en 2008. “C'est une situation extrêmement dangereuse”, a souligné le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements Abdelhamid Temmar. D'année en année, notre pays semble confortablement installé dans cette dépendance alimentaire. Cette situation trouve son origine dans les dysfonctionnements provoqués par le désancrage de l'appareil agro-industriel de son amont agricole qui fait que l'industrie agroalimentaire algérienne s'est retrouvée intégrée de façon passive au marché international. L'agroalimentaire est déconnecté de l'amont agricole. Pour renverser cette tendance l'industrie agroalimentaire est inscrite en tête des priorités, “dans la stratégie industrielle”. Les participants à la journée d'étude devront donc présenter un certain nombre de propositions opérationnelles ciblées pour améliorer la contribution du secteur agroalimentaire dans la sécurité alimentaire. Ils auront, également, à définir les filières où il paraît souhaitable d'accorder une priorité, soit en raison de leur poids au sein de l'économie algérienne, soit parce que l'Algérie dispose d'un avantage comparatif à valoriser. Le docteur M. A. Nouad, consultant expert, dans une communication sur “l'état des lieux du secteur des industries agroalimentaires en Algérie : diagnostic et stratégies”, relève que l'agriculture souffre de sérieux handicaps : problème foncier, inorganisation, faible technicité des producteurs, absence de logique d'entreprise au niveau des exploitations agricoles, et absence d'organisation de la commercialisation des productions. M. Nouad distingue “sept problèmes-clés caractérisant le fonctionnement des marchés agricoles et agroalimentaires”. Il cite entre autres les difficultés d'accès au marché, les difficultés pour accroître la productivité et la qualité, problèmes d'offre rigide, tromperie sur la qualité et comportements opportunistes et instabilité des prix… Les exportations agricoles sont très réduites, représentant 0,2% des exportations totales, tandis que les importations représentent presque 30% des importations totales. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements annonce la mise en place d'un programme de mise à niveau des entreprises une fois adopté par le gouvernement. M. Hamid Temmar proposera aux entreprises, notamment petites et moyennes, un système de mutualisation, pour leur permettre de syndiquer leurs moyens. Des centres technologiques, par branche, seront par ailleurs mis en place. M. R.