On réduit ses dépenses, et on pense à demain. On ne sait pas de quoi il sera fait. Si cette précaution est de tout temps le propre de l'homme, elle prend toute sa dimension par ces temps de crise qui secoue le monde. Le strict minimum convient mieux aux bourses, les extras sont bannis de la gestion du budget. Les ménagères ont appris à s'accommoder de ce qu'elles peuvent avoir, et même à composer avec les moyens du bord. Mais ce n'est pas toujours aisé. Avec des prix qui ne cessent de prendre une courbe ascendante, le panier revient presque vide. Elle n'est pas loin l'époque où certaines denrées constituaient la nourriture de base des familles. Ce n'est plus le cas. Hors de prix, les légumes sont pratiquement boudés. Les protéines sont prohibées, au prix où se déclinent les œufs, alors que le poulet s'acquiert par petits quartiers. Inutile de parler des fruits, ni du poisson et de la fameuse sardine, ni de la viande rouge. Nourrir sa famille est devenu un exercice difficile. Plus le budget se rétrécit, plus la mercuriale s'enflamme. La crise mondiale exacerbe la crainte des citoyens, jusqu'à devenir leur sujet de discussion. On commente, on analyse et on se met sur ses gardes. C'est que les pays riches ont été surpris par ce tsunami financier qui a emporté toutes leurs certitudes. Comment alors continuer à gérer son budget sans s'affamer, mais sans se retrouver non plus sur la dèche. C'est la question qu'on se pose et à défaut de trouver la réponse, on se limite au strict minimum. On réduit ses dépenses et on évite ce qu'on considère désormais comme superflu. Comme si les fruits, les laitages et la viande blanche –la seule qui était plus ou moins abordable– peuvent être superflus. Même les enfants sont amadoués pour se mettre du côté des parents, et sont invités à freiner leurs «caprices». La crise connaîtra bientôt sa fin, disent certains experts, alors que d'autres sont pessimistes. A juste titre ? R. M.