De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Au cours d'un meeting organisé devant le siège de sa fédération à Béjaïa, le Front des forces socialistes a appelé les populations à boycotter massivement l'élection présidentielle du 9 avril prochain. Militants et sympathisants du FFS, mobilisés à l'occasion, ont été nombreux à venir écouter l'argumentaire du parti qui conçoit l'abstention comme «l'amorce d'une rupture salvatrice avec le régime mis en place depuis l'indépendance». Karim Tabbou, le premier secrétaire du parti, a franchement qualifié cette consultation de «mascarade» en accusant l'administration d'avoir mobilisé tous les moyens de l'Etat au profit de la candidature du président sortant. Il stigmatisera au passage les partisans de Abdelaziz Bouteflika dans la région en les qualifiant de personnes «pas très nettes qui ont maille à partir avec la justice, le fisc ou leur propre passé». L'orateur fustigera aussi «la complaisance» des cinq autres postulants à la magistrature suprême en considérant leur participation comme «une fausse caution à un processus dont l'issue est connue d'avance». La manifestation, qui s'est déroulée dans de bonnes conditions, s'est achevée sur une marche improvisée. De la cité du 5 Juillet au boulevard colonel Amirouche en passant par l'avenue de la Liberté, des centaines de personnes ont spontanément scandé des slogans hostiles au pouvoir et aux candidats en lice à cette élection. La foule s'est ensuite dispersée dans le calme. Pour justifier ce choix, le leader charismatique du FFS a, de son côté, souligné au cours d'un débat organisé récemment à Genève (Suisse) «la prédisposition congénitale du système politique algérien à la fraude et à la manipulation des urnes». Hocine Aït Ahmed, qui s'exprimait en marge d'un festival cinématographique dédié aux droits de l'homme, avait publiquement douté de la régularité de tous les scrutins que le pays a connus depuis l'indépendance. «Le suffrage universel n'existe pas en Algérie», avait-il tranché. Il avait cependant reconnu une relative transparence concernant les élections locales auxquelles sa formation a toujours participé. Toujours dans le même ordre d'idées, un comité -regroupant des blessés, des parents de victimes et des acteurs du mouvement de protestation d'avril 2001- a récemment appelé les populations de la région d'Akbou à bouder les urnes le 9 avril pour, a-t-on écrit dans un communiqué diffusé à l'occasion, «dénoncer la fraude, exprimer fort le refus du marchandage électoral».