Photo : Zoheïr Par Ali Boukhlef Abdelaziz Bouteflika a terminé, hier à la Coupole d'Alger, sa campagne électorale comme il l'avait commencée : en apothéose. En choisissant la Coupole du complexe olympique d'Alger, il a certainement voulu frapper fort. Puisque, un peu moins de deux mois auparavant, c'est dans cette mythique salle qu'il avait annoncé, officiellement, sa candidature à un troisième mandat présidentiel. Mais, en l'espace de quelques semaines, beaucoup de choses ont changé. Puisque, entre-temps, le candidat a déjà sillonné plus de 30 wilayas. Mais, et surtout, parce que la composante ayant rempli hier la salle omnisport, qui a changé de couleur pour devenir totalement bleu et blanc, est totalement différente de celle de 12 février. Il n'y avait pratiquement, en effet, que des jeunes, venus essentiellement des universités de l'Algérois. C'est donc devant une foule excitée que se présente vers 14h15 Abdelaziz Bouteflika. Entrée fracassante à l'américaine, salut du public et vite une plongée dans le discours écrit, posé sur un pupitre blanc, tout comme toute la scène soigneusement mise en place par un organisateur professionnel. Après un bref rappel des meetings organisés dans d'autres wilayas et des remerciements à tour de bras à ses partisans, Abdelaziz Bouteflika entre dans le vif du sujet. Projets réalisés, chemin parcouru depuis 1999 et obstacles rencontrés. Le candidat a fait le tour de la question, sous les acclamations du public qui ne semblait pas trop écouter. «Vous ne voulez pas ces feuilles ? Alors, je vais vider mon sac», a dit l'orateur à ses partisans, chauffés à blanc, avant de mettre de côté son discours écrit. «Il n'y aura pas d'amnistie générale si les terroristes ne déposent pas définitivement les armes», a-t-il clamé avant de préciser que «toute idée d'amnistie est impossible sans un référendum qui permettra au peuple algérien de s'exprimer, parce que c'est le seul qui est habilité à pardonner». Il ne s'arrête pas là. Il poursuit sur la même longueur d'onde et il sollicite l'aide des Algériens, tout comme pour l'élection. Pour convaincre, l'orateur, qui a retrouvé ses éclats de voix d'antan malgré une fatigue perceptible, a rappelé que «sans le plébiscite du peuple lors du référendum sur la réconciliation nationale, je ne serais pas parmi vous aujourd'hui». Toujours optimiste, le chef de l'Etat a répondu à une femme qui lançait des youyous : «Lance des youyous, lance !! L'Algérie des youyous est mieux que celle des larmes et du sang !!!!» Sauf que, face à la main tendue, Bouteflika a encore brandi l'éradication. «Soyez sûr, nous allons éliminer ces récalcitrants qui sèment encore la mort», a-t-il averti en affirmant notamment «la mobilisation des forces de sécurité de la République» à qui il a rendu hommage. Mais cette crise des années 1990, qui a visiblement dominé les débats lors de cette campagne électorale, a produit d'autres «phénomènes étrangers à la société», a affirmé Bouteflika qui demande l'aide de la famille et de la société. Mais parmi les phénomènes qu'il a mis en cause, il y a celui des bidonvilles. «C'est une honte pour notre pays que nous allons laver», a-t-il promis avant de menacer ceux qui «reviendront dans les baraques» de prison. L'autre phénomène que l'orateur a abordé est celui de la bureaucratie. «Nous allons vaincre la bureaucratie par l'informatisation de l'administration», a-t-il avancé. Et comme la salle est remplie essentiellement de jeunes, Abdelaziz Bouteflika a profité pour énumérer les réalisations les concernant –sans citer les harraga- et surtout dans les domaines de l'éducation et de l'enseignement supérieur et de l'emploi. Il a aussi cité les projets du secteur de l'eau qu'il «faut achever» et d'autres chantiers. Il a également fait d'autres promesses (contenues essentiellement dans son discours écrit) concernant notamment «la liberté de la presse», les libertés démocratiques et la protection des droits de l'Homme. Comme pour répondre à un adversaire qu'il n'a pas nommé, le président sortant a clamé devant une foule en délire : «Ce pays n'appartient ni à une personne ni à un groupe. Il vous appartient à vous tous», sous les cris «one, two, three, viva l'Algérie». Il a fait référence, dans ce sens d'ailleurs, à l'islam et à l'amazighité notamment qu'il promet de protéger contre l'exploitation politique. Une heure plus tard, Abdelaziz Bouteflika quitte la salle, sous les applaudissements du public, en lui demandant de «démontrer aux étrangers que les Algériens s'intéressent à la politique en allant voter le 9 avril».