De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Depuis leur première apparition, il y a bientôt vingt ans, les centres de garde et d'accueil de la petite enfance, plus communément appelés crèches, connaissent un grand succès, notamment auprès des familles dont les parents travailleurs vivent seuls. «N'eût été la crèche, je n'aurais pas pu continuer à travailler, confirme une pépiniériste de 37 ans, qui avait confié sa fille à une crèche dès l'âge de trois ans. Aujourd'hui, non seulement je n'ai pas été contrainte d'abandonner mon boulot mais ma fille, qui est maintenant en première année primaire, n'a eu aucun mal à s'intégrer à sa classe dès le premier jour.» En plus de son rôle de simple garderie d'enfants, la crèche offre un espace pédagogique et des conditions qui permettent aux petits d'évoluer dans un cadre plus socialisant. «Au sortir de cet environnement, ils ont plus de facilité à s'intégrer dans des groupes et entrent plus rapidement en contact avec les autres», explique une éducatrice qui exerce dans l'une des 150 crèches privées existant sur le territoire de la wilaya d'Oran. «Notre établissement qui a ouvert ses portes voilà dix années accueille chaque année environ 60 enfants, dont ceux inscrits en préscolaire», continue notre interlocutrice qui précise que, pour 3 500 dinars mensuels, les enfants sont gardés toute la journée et bénéficient du repas de midi. «En outre, signale-t-elle encore avec le sourire, les parents sont tranquilles : ils savent leurs enfants entre de bonnes mains et peuvent donc se consacrer à leur travail en toute quiétude.» Il est vrai que, contrairement au moment de leur apparition dans les années 1990, les autorisations d'ouverture des crèches ne sont désormais délivrées qu'à des demandeurs justifiant de diplômes liés aux secteurs de la santé ou du social, tels que des médecins, des psychologues ou encore des assistants sociaux. Inutile de préciser que les services de police sont tenus d'enquêter sur le passé des prétendants à l'agrément, de même que les services d'hygiène et de la Potection civile doivent vérifier l'hygiène et la sécurité de l'établissement devant servir de crèche avant que la wilaya n'accorde ou non l'autorisation d'ouverture.«A l'évidence, ces enquêtes sont menées avec sérieux puisque j'ai inscrit mes enfants dans trois crèches différentes et toutes présentent, à mon sens, de bonnes conditions d'accueil et d'enseignement», précise un père de famille. Pourquoi avoir changé alors ? «Par simple souci de proximité. Aujourd'hui, tous les quartiers disposent de deux ou trois crèches. Nous avons l'embarras du choix.» Il reste pourtant la question de la formation des personnels d'encadrement exerçant dans les crèches, des spécialistes affirmant qu'ils ne sont pas suffisamment formés : la majorité des éducatrices employées n'ont reçu aucune formation spécifique et celles qui ont été formées dans les années 80 sont au seuil de la retraite. C'est en tout cas ce que conclut une enquête menée il y a quelques années par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran.