De notre correspondant au Canada Youcef Bendada En avril, ne te découvre pas d'un fil. Au Canada, cette expression a trouvé sa véritable signification en ce début du mois, puisque, et sans que cela soit une surprise, commel'annonçait la météo, les Canadiens ont eu droit, non seulement à de la pluie continuelle durant les six jours qu'a duré le scrutin pour l'élection présidentielle, mais également à de la neige ! Cette neige n'est vraiment pas une surprise pour ceux qui connaissent le pays et les caprices du temps que réserve le printemps aux habitués qui ne parient même pas un kopek sur le soleil, souvent récalcitrant en avril. Cependant, le choix très net et la participation massive au scrutin du 9 avril 2009 des Algériens établis au Canada et aux Etats-Unis d'Amérique ne devraient laisser aucune place au doute quant à l'élection du président sortant M. Abdelaziz Bouteflika. Au moment où nous mettons sous presse, le dépouillement entamé à 19 heures, ce jeudi 9 avril à Montréal, à Ottawa et à Washington (cinq heures plus tard à Alger) confirme les pronostics que même les cartomanciennes les moins futées ne sauraient ne pas prévoir. Et pour cause. Il n'y en avait que pour le candidat Abdelaziz Bouteflika, notamment au Québec où un seul groupe battait campagne : celui qui a appelé à voter pour le président sortant. A ce niveau, il serait intéressant de rappeler les éléments qui ont concouru au déroulement de cette élection dont l'enjeu, il faut encore le rappeler, était celui du taux de participation, puisque l'issue du vote ne laissait aucun doute possible. Bien sûr, le poids relativement important des électeurs inscrits à Montréal (10 000) par rapport à ceux inscrits sur les listes d'Ottawa (2 800) et de Washington (4 500) est déterminant et place Montréal en force dans la compétition et surtout pour la désignation du vainqueur. La loi du nombre trouve ici sa justification naturelle. Cependant, avant d'entrer dans les détails de cette élection, il est intéressant de rappeler ce qui s'est passé à Ottawa, mais également chez l'Oncle Sam, plusieurs milliers (20 000 ou tout au plus 30 000 selon l'hypothèse la plus haute) de nos compatriotes résidant dans le gigantesque pays où tout est possible encore ! On a voté à Ottawa… Ottawa, c'est cette capitale fédérale du Canada qui abrite le siège de notre représentation diplomatique. C'est également le deuxième centre de vote, dans ce vaste pays, où nos compatriotes étaient appelés à exprimer leur choix. Si le nombre d'inscrits sur les listes électorales de Montréal s'élève à près de 10 000, à Ottawa, selon M. Benamara, notre ambassadeur au pays de l'Erable, ils ne sont que 2 800. Mais il nous avertit d'avance de ne pas tirer très vite de conclusion, car se fier à ce nombre qui peut paraître peu élevé est trompeur, puisque Ottawa a une compétence territoriale immense. En effet, les services consulaires couvrent un territoire énorme qui englobe les principales provinces canadiennes comme la Colombie-Britannique à l'Ouest, l'Alberta, la Saskatchewan, dans les Prairies, et l'Ontario au Centre, pour ne citer que les principales. Alors qu'au cours de la précédente élection présidentielle de 2004, il était possible d'ouvrir des bureaux de vote dans les capitales provinciales (Calgary, Vancouver, Toronto) et se rapprocher ainsi des électeurs résidant dans ces provinces, voilà que le gouvernement du Canada a décidé de ne plus permettre cette pratique depuis 2007, qui a vu les élections législatives ne se tenir que dans les locaux officiels de la représentation officielle. Mais cette contrainte n'aurait pas été un handicap pour l'élection présente puisque les rencontres de proximité entreprises par l'ambassadeur auprès des membres de la communauté l'ont conduit à visiter Calgary, Vancouver et Toronto, sans oublier Moncton et Fredericton au Nouveau Brunswick, dans l'extrême est du Canada. L'objectif de ces sorties ? M. Benamara dira : «Mais c'est pour appeler les compatriotes à venir voter et rappeler à ceux qui ne peuvent se déplacer jusqu'à Ottawa qu'ils peuvent remettre une procuration à un proche ou un ami». Interrogé au sujet de la participation enregistrée juste avant la clôture du scrutin, il est affirmatif : «Des électeurs sont venus même de Toronto, de Mississauga, soit de plus de 500 km, c'est vous dire que l'entrave de ne pas pouvoir ouvrir des bureaux ailleurs qu'à Ottawa, ne pèsera pas beaucoup car cette lacune est compensée par les procurations délivrées à ce jour.» …Et aux Etats-Unis d'Amérique aussi Dans le pays qui a vu retentir le récent slogan mondial «Yes we can » et d'après M. Abdallah Baali, ambassadeur à Washington, «les opérations de vote se déroulent dans de très bonnes conditions et dépasseront, sans aucun doute, le niveau de participation des précédentes consultations [présidentielle de 2004 et législatives de mai 2007].» Interrogé sur cette certitude, notre interlocuteur est catégorique : «Les pointages auxquels nous procédons à 12 h 30 et 19 h, quotidiennement, nous permettent de tirer quelques enseignements et le taux de participation en est un.». Contrairement au Canada où l'on dénombre près de 13 000 inscrits, il y a seulement 4 500 compatriotes qui figurent sur les listes électorales, alors que le nombre d'immatriculations s'élève à 13 400. Pour les opérations de vote, ce sont pas moins de 14 bureaux qui ont été mis en place dans les grands centres, là où notre communauté enregistre une concentration élevée. Ces mêmes grands centres, tels New York, Chicago, Boston, Houston et la Côte Ouest ont d'ailleurs été visités par le chef de la mission diplomatique, M. Baali, afin, dit il, «de sensibiliser les résidents algériens de la nécessité de voter, l'administration s'engageant à garantir la totale transparence de l'opération». Le site Web de l'ambassade est plus explicite, on y trouve même un message, en trois langues, de notre interlocuteur, qui encourage ses compatriotes à exercer ce droit. Pour ce faire, ce sont douze bureaux itinérants qui ont été mis en place en plus du principal centre de vote de Washington qui regroupe deux bureaux fixes pour ce scrutin. Le ratissage est large, car le maillage des États-Unis d'Amérique est conçu de manière à aller rencontrer les membres de la communauté là où ils se trouvent en grand nombre à l'aide des bureaux itinérants, en l'occurrence Austin, Boston, Chicago, Détroit, Los Angeles, San Francisco, Miami, San Diego, Colombus, Houston, New York et Philadelphie. Ouf ! La liste est vraiment longue, mais elle est à la hauteur de l'immensité de ce territoire et de son importance stratégique. Les attentes des Algériens à l'étranger Ah ! L'Amérique du Nord ! Cet immense continent qui englobe les Etats-Unis d'Amérique et le Canada, où vivent près de 150 000 Algériens de naissance qui, mine de rien, peuvent apporter leur contribution au développement de leur pays. Sur ce gigantesque continent qui peut, à lui seul, faire trembler le reste du monde, seulement en éternuant, il y a une communauté qui s'est frottée au mode de vie nord-américain avec, plus ou moins de réussite, mais plus de réussite que d'échec, notre élite est même arrivée à briller dans de nombreux domaines. Ce continent, où les rêves les plus fous sont permis, vient de nous donner un échantillon de son importance stratégique et économique en diffusant une crise financière locale à travers le monde et fait vaciller le système financier et économique de la planète ! Plus encore. Cette crise a remis en cause le système capitaliste et son mode de fonctionnement, que l'on tentait d'imposer aux pays réticents à instaurer ce système implacable basé sur le laisser-faire. Cette communauté a appris à vivre dans une société où, dans ce type d'économie, la compétence, la performance et l'excellence sont de rigueur. Il y a là un potentiel important à ne pas négliger, pour penser à la contribution que cette communauté pourrait apporter au pays. Mais, pour l'instant, notre propos aujourd'hui restera consacré à l'événement qui nous importe le plus : l'élection du président de la République algérienne. Maintenant que cette élection est acquise, il est, d'évidence, de tradition de concéder à l'élu les 100 jours de grâce. Ce après quoi les électeurs de ce côté-ci de la planète pourront demander au désormais président Abdelaziz Bouteflika de convertir surtout en réalisations les promesses des ministres de la République : création d'une organisation qui aura en charge les destinées de l'émigration, prise en charge du rapatriement en Algérie des dépouilles de compatriotes décédés pour y être inhumés et, bien sûr, une plus grande attention à cette communauté qui a choisi l'exil à son corps défendant. Abdelaziz Bouteflika aura du pain sur la planche pour tenir les promesses car les attentes sont nombreuses et ambitieuses. Mais, dès à présent, la nouvelle République nécessite de nouvelles institutions, avec des femmes et des hommes nouveaux, honnêtes et dévoués au service public et à l'Algérie, car un nouveau mandat, c'est peu pour transformer un pays en chantier en une contrée où il fait bon vivre. Le candidat, maintenant Président, possède déjà l'expérience de deux mandats pour savoir que cinq ans dans la vie d'une nation c'est très long, mais trop court pour mener à terme des chantiers colossaux.