Il faut dire que ces entraîneurs ne font rien pour enrayer le phénomène. Les présidents de club, notamment ceux de la division1, continuent à s'amuser comme des fous. A partir du moment où on les laisse faire, pourquoi s'en priveraient-ils? C'est ainsi que sur les 16 clubs de la compétition de D1, il y a, seulement, quatre à avoir conservé l'entraîneur avec lequel ils ont débuté la saison: l'ASO Chlef, l'USM Alger, le Paradou AC et l'USM Blida. Un cinquième pourrait être ajouté à cette liste. Il s'agit de l'OM Ruisseau dont le coach est toujours Younès Ifticène, celui qui était en poste depuis la saison dernière. Mais il ne faut pas oublier qu'à un certain moment de la phase aller, il a été démis de ses fonctions et remplacé par Youcef Farhi à la suite des mauvais résultats que venait d'enregistrer l'OMR. Toutefois, les dirigeants de club se sont, peut-être, aperçus qu'ils avaient commis une erreur et ils l'ont de nouveau enrôlé. Nous ne savons pas si ces dirigeants ont opéré sciemment de la sorte mais si c'était le cas, ils devraient recevoir la palme de ceux qui ont le nez fin. En effet, depuis le retour de Younès Ifticène, l'OMR va beaucoup mieux. Ce club s'est, en tout cas, éloigné de la zone des relégables et peut envisager avec plus de sérénité la suite des événements. Dans ce genre de scénario, les dirigeants vous diront en chaque occasion qu'un changement d'entraîneur s'impose car il faut provoquer le déclic, le choc psychologique à même de remettre le club sur la voie des bons résultats. En somme, les responsables de l'OMR auraient provoqué ce fameux déclic avec le même homme. Il suffisait, simplement, de l'éloigner du club quelque temps puis de le rappeler. Maintenant, il faudra savoir si le club anasri restera sur la lancée qui est la sienne en ce moment ou s'il retombera dans ses errements de début de saison. Dans le 2e cas, on ne misera pas un penny sur le maintien d'Ifticène à la tête de la barre technique de l'OMR. Ainsi va la vie professionnelle de nos entraîneurs. Il faut dire qu'ils ne font rien pour enrayer le phénomène. Comme les joueurs, ils montrent à la face du monde que ce qui les intéresse, c'est le fric qu'ils peuvent obtenir en changeant de club. Disons qu'ils ne mangent pas tous de ce pain là, mais, dans leur écrasante majorité, c'est là leur credo. Remarquez, à partir du moment où ils trouvent des dirigeants prêts à casser leur tirelire, pleine d'un argent qui ne leur appartient pas, pour les enrôler, pourquoi voulez-vous qu'ils fassent abstraction de toute ambition mercantile? N'avons-nous pas vu des entraîneurs signer un contrat d'un an et empocher leur argent en totalité puis quitter leurs clubs respectifs sur un coup de tête, sans rembourser le moindre centime? N'y a-t-il pas eu des coachs, qui se sont fait enrôler dans des clubs tout en restant opérationnels dans d'autres équipes de plus bas niveau? La dernière mode en vogue fait état de techniciens qui n'hésitent pas à jouer au donnant-donnant avec certains joueurs voués au chômage. Ils promettent à ces derniers de les faire recruter dans le club où ils exercent à la condition que les joueurs en question leur refilent une partie de leur prime de signature. Dans ces conditions, les dirigeants de clubs ne se privent pas de s'en débarrasser dès qu'ils sentent qu'il y péril en la demeure. «Si les lampes se mettent à griller une à une, c'est la faute au fusible. Alors il faut changer ce fusible» a expliqué un dirigeant de l'Entente de Sétif pour expliquer le départ de Rachid Belhout, l'entraîneur qui avait valu à ce club de vivre, une bonne partie de la saison, sur un nuage. Sans lui et avec Rabah Saâdane, l'ESS retrouvera-t-elle les sensations du début de championnat qui en avait fait le meilleur club d'Algérie? Les semaines à venir nous le feront savoir. Nadjib Medjadj a, lui, été contacté par les dirigeants du NAHD pour remplacer Ahmed Aït El Hocine. Ce dernier est parti de lui-même car il n'était pas payé. Comment Medjadj espère-t-il obtenir de l'argent de la part de dirigeants qui n'arrivaient pas à être en règle sur ce point avec son prédécesseur? Quant à Mohamed Lekkak, il a été démis de ses fonctions d'entraîneur du MCO pour n'avoir pas fait atteindre à ce club le seuil de 24 points en 18 journées de championnat comme il lui était demandé. Il viendra, peut-être, le jour où un coach sera rémunéré au nombre de points obtenus par le club. Dans une telle situation, René Lobello de l'USM Alger, Kamel Mouassa de l'USM Blida, Kamel Bouhellal du Paradou AC et Abdelkader Amrani de l'ASO Chlef apparaissent comme des extraterrestres perdus dans le monde en folie du football algérien. Ce sont ceux qui sont constamment restés en place depuis le début de la présente saison. Le maintien des deux premiers n'a tenu qu'à un fil. Il a fallu de la pugnacité pour leurs deux présidents respectifs, Saïd Allik et Mohamed Zahaf pour leur conserver leur confiance à un certain moment. Celui de Chlef avait mal débuté la saison et une certaine grogne s'était fait entendre dans cette ville mais l'ASO est repartie sur des bases nouvelles et tout a été oublié. Il faut dire qu'il est, presque, une exception puisqu'il en est à sa 4e saison de suite dans ce club. Car l'exception tout court c'est bien Bouhellal qui est en place depuis la création du club, en 1994. Il y a du Guy Roux dans cette histoire et les dirigeants du club du Paradou semblent appartenir à une race de dirigeants qui s'est éteinte depuis des lustres dans notre football. On se demande même si elle a existé un jour. En tout cas, ce que l'on peut retenir, c'est qu'en matière de stabilité du staff technique, les présidents de club sont de véritables cancres. Pour éviter la pression que met sur eux l'environnement de leurs clubs respectifs, ils s'en prennent au maillon faible de la chaîne, l'entraîneur. Comme ils tombent assez souvent sur des épiciers (avec tout le respect que l'on doit à cette profession) plutôt que sur des techniciens portés sur le devenir du football et sur la formation, ils obtiennent satisfaction avec facilité. Cela dure depuis des années sans que personne n'ose dénoncer cet état de fait. En 1973, les pouvoirs publics avaient affecté des entraîneurs dans chaque club de l'élite en les obligeant à les garder au moins trois ans, arguant du fait que c'est l'Etat qui faisait vivre le football. Aujourd'hui, ces clubs dépendent toujours du même Etat mais la volonté ne semble plus être la même. Dans ce cas, les présidents de club ont la promesse qu'ils pourront continuer à jouer comme des fous.