Photo : Riad Par Ali Boukhlef Ahmed Ouyahia ne veut pas rester en marge du débat sur la révision de la Constitution. A une semaine de la tenue du troisième congrès de son parti, le week-end prochain, le secrétaire général du RND veut avoir sa part du gâteau. L'ancien chef de gouvernement a affirmé jeudi sur les ondes de la Chaîne II de la radio nationale que «la révision de la Constitution aura lieu». «A mon avis, elle aura lieu», a donc répondu Ahmed Ouyahia à la question de savoir si la révision de la Constitution aura lieu ou non. Seulement, le chef du RND, qui va très probablement être reconduit à la tête du parti la semaine prochaine, a pris le soin de préciser que cela relève des «prérogatives du président de la République». Dans la foulée, il a aussi indiqué que «le remaniement du gouvernement aura lieu», mais que «ce ne sont pas les changements d'hommes qui posent problème, mais plutôt ceux des mentalités». Toujours aussi loquace, l'ancien chef de gouvernement a vainement tenté de justifier les missions que lui a confiées le président de la République. «Le Président envoie qui il veut.» La réponse n'a pas convaincu grand monde. «Mais vous n'avez aucune fonction officielle», lui fait remarquer la journaliste. Et Ouyahia, cherchant ses mots contrairement à son habitude, tente même de lier cela aux spéculations concernant des différends entre lui et le chef de l'Etat. «On a beaucoup écrit que j'ai des problèmes avec le Président.» Eh bien, le Président a démontré le contraire», s'est-il contenté de dire. Seulement, Ouyahia devient au fil des jours un opposant frontal à la politique du gouvernement, même s'il prend le soin de distinguer le politique du social. Suite Une distinction qu'il veut plus explicite lors des résolutions du congrès, puisqu'il y en aura deux. Mais sur le plan politique, il ne faut pas «vous attendre à une révolution», prévient-il. Selon l'invité de la radio kabyle, le gouvernement est en train de faire du sur-place. Il en veut pour exemple le fait d'augmenter «les salaires de 30% alors que la croissance ne dépasse pas 5%», ce qui va créer, selon ses dires, «un déséquilibre». Même si le locuteur tente de minimiser le propos en disant qu'il n'a pas l'intention de priver les salariés algériens d'augmentation, à condition, rappelle-t-il, que cela soit lié à des facteurs, comme la productivité et la croissance. Ahmed Ouyahia a aussi demandé au gouvernement, de manière très fine, de travailler davantage. «Je pense qu'au lieu de polémiquer, je conseille à certains amis [ministres] de travailler et de se rendre utiles», a-t-il asséné, tout en accusant le gouvernement, qu'il évite de citer nommément, de se conformer beaucoup plus à «des effets de mode». Il cite comme exemple le fait de «créer un fonds souverain», au lieu, a-t-il indiqué, d'utiliser l'argent «pour la création de la richesse», parce que, a-t-il ajouté, «l'Algérie est une terre jachère où tout reste à faire». Plus grave encore, Ahmed Ouyahia accuse certaines banques publiques de prêter des milliards «aux escrocs» au lieu de donner «de petites sommes aux jeunes créateurs de micro-entreprises». Sur le projet de l'union pour la Méditerranée, Ouyahia, qui dit s'aligner sur les positions de l'Etat, a écarté qu'un éventuel refus de l'Algérie n'est pas «lié à la participation d'Israël». Sur le plan interne, Ahmed Ouyahia a indiqué que les préparatifs pour le congrès vont bon train et que ce dernier se tiendra dans «la sérénité».