Photo : S. Zoheir Par Badiaa Amarni Les travailleurs de l'hôtel Riadh de Sidi Fredj sont entrés en grève illimitée depuis hier. Leur revendication première est l'obtention de 10% du prix de la cession de cet établissement, vendu à une société libanaise pour 1,2 million de dinars, comme ça été le cas pour leurs confrères de l'hôtel Essalem de Skikda. En d'autres termes, les grévistes revendiquent le même droit et le même traitement. «Nous ne comprenons pas pourquoi ce deux poids, deux mesures», ont lancé plusieurs employés. Beaucoup ont affirmé qu'«ils veulent l'alignement sur l'hôtel Essalem» et qu'ils ne sont «pas près de faire marche arrière». Au nombre de 149, hommes et femmes étaient tous mobilisés et ont répondu favorablement au mot d'ordre de grève lancé par le syndicat d'entreprise. Ils disent qu'ils iront jusqu'«au bout pour arracher leur droit». Malgré le mauvais temps, ils sont venus exprimer leur mécontentement «devant cette situation de flou qui n'a que trop duré», signalent-ils. Les syndicalistes de l'entreprise de l'hôtel Riadh, que nous avonsrencontrés sur place, nous ont rappelé que la résolution de vente est sortie en 2007 et que l'acquéreur en a pris possession le 1er juin 2008. Ils expliquent qu'«un accord de principe pour satisfaire cette revendication, soit l'obtention des 10%, a été donné par la Société de gestion et de participation Gestour. Même le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a promis de régler ce problème lors de la grève de 6 jours observée en juillet 2008», affirment-ils. Ils ajouteront que «l'ex-PDG de l'EGT Sidi Fredj a aussi donné son accord de principe». Malheureusement, à ce jour «aucune décision n'a été encore tranchée, et nous naviguons dans le flou, ne sachant même pas si réellement notre dossier est transmis à la SGP, puisque nous avons appris qu'il n'a pas été traité malgré plusieurs réunions organisées, y compris pour le secteur du tourisme». Les avocates du syndicat Me Badi et Me Mahiout, avec lesquelles nous nous sommes entretenus, ont déclaré que «beaucoup de promesses n'ont pas été tenues». Et de s'interroger : «Pourquoi le problème a-t-il été réglé pour les travailleurs de l'hôtel Essalem de Skikda et non pour ceux de Riadh ?» D'autant, ajoutent-elles, que «les deux structures ont été acquises par la même entreprise. Pourquoi ce retard pour indemniser les travailleurs» qui attendent depuis maintenant deux ans. Mais les travailleurs de l'hôtel, fatigués d'attendre des promesses qu'ils ne voient pas se concrétiser sur le terrain, ont décidé de passer la vitesse supérieure et d'appliquer leur droit à la grève. Déterminés, ils ont l'intention de faire d'autres actions. Ils comptent même recourir à des sit-in devant l'EGT (entreprise de gestion touristique) de Sidi Fredj, leur tutelle, ainsi que devant Gestour avant de faire une grève de la faim comme ultime recours. Devant le portail de l'hôtel, des banderoles sont accrochées, avec au milieu le drapeau de l'Algérie. Nous pouvons y lire : «Monsieur Bouteflika, nous vous avons choisi pour mettre un terme à la hogra et à la bureaucratie à Sidi Fredj et Gestour», «Monsieur le Président, nous sommes trahis par nos responsables», et «Nous revendiquons nos droits». Le combat se poursuivra jusqu'au bout, signalent les syndicalistes. Au niveau de la direction de l'hôtel, de laquelle nous nous sommes rapprochés, le nouvel acquéreur a déclaré que c'est là un problème qui le dépasse largement et que «la grève entraîne des pertes pour l'hôtel» mais, malgré cela, il «espère que le problème trouvera une solution pour le bien des travailleurs». En revanche, nous n'avons pas réussi à entrer en contact avec les autres parties, à savoir l'EGT de Sidi Fredj et Gestour.