La généralisation du préscolaire dans les écoles algériennes n'a pas été accompagnée de mesures de facilitation de l'intégration des enfants dans le monde scolaire. Ce qui ne facilite pas l'intégration graduelle l'enfant dans le milieu scolaire, objectif principal du préscolaire. La prise en charge de l'enfant dans le préscolaire se fait, en effet, dans des conditions difficiles alors qu'ailleurs, le préscolaire est devenu un espace de socialisation de la petite enfance. En Algérie, en plus de la surcharge -puisque la pression du nombre est signalée à ce niveau vu l'importance de la demande- les moyens pédagogiques et de divertissement de la petite enfance font cruellement défaut au sein de nos écoles, selon le constat des parents, des enseignants et des chefs d'établissement. Les parents dont les enfants ont atteint l'âge de la préscolarité, c'est-à-dire cinq ans, ont rencontré plusieurs difficultés liées à la bureaucratie. En somme, pour inscrire l'enfant dans une classe préscolaire, c'est le parcours du combattant. Les parents ont souvent recours aux interventions même si la loi exige l'âge. «On a fait face à d'énormes entraves et à des comportements irresponsables au niveau des établissements et ailleurs», nous dira un parent d'élève. En sus de ces embarras, nos écoles ne répondent pas aux normes en ce qui concerne ce cycle préparatoire, durant lequel l'enfant est censé acquérir son apprentissage en s'amusant et en jouant. Nos écoles publiques ne disposent pas non plus des espaces verts et de jeux pour les enfants inscrits en ce palier comme en témoigne un directeur d'école. «Nous n'avons pas les moyens d'aménager des aires de jeux pour les enfants afin de leur permettre de couper un tant soit peu avec la classe ou la petite enfance est appelée à être développée». Le préscolaire est tenu de proposer des programmes pédagogiques et ludiques à travers différents ateliers, à savoir la lecture, la création, la découverte, les jeux, la musique et le chant. «Ce n'est pas de l'enseignement qu'ils assurent à nos enfants mais c'est bien un gardiennage», rétorquera une maman en compagnie de sa fillette. «Ma fille ne se plaît guère», poursuivra, un parent. Cette maman trouve que «c'est trop sérieux et le jeu n'est pas pris en considération… Le préscolaire ne fait pas de la scolarisation mais plutôt de l'éducation et de l'éveil du jeune enfant». Pour les parents, il faut d'abord éduquer le jeune enfant en le préparant à son cursus scolaire par des activités et non des cours et autres exercices formels. L'avis est partagé aussi par les psychologues et les sociologues que nous avons rencontrés. Les enfants seront ainsi arrachés à l'atmosphère familiale douillette pour trouver de nouveaux repères en compagnie d'autres jeunes, dans une structure qui leur est réservée. Ils seront nombreux, ces bambins à quitter les jupons de leurs mamans pour intégrer des structures préscolaires : garderie, jardin d'enfant, école maternelle ou autre établissement. L'essentiel pour les parents que nous avons interrogés est de laisser leurs enfants entre de bonnes mains. En somme, le préscolaire s'occupe du jeune enfant de façon «holistique» et n'exige pas de lui un rendement intellectuel comme c'est le cas dans les structures de scolarisation. «Nos activités sont basées sur l'éveil. On a des activités mathématiques de langage, d'éducation physique et des jeux», répondra une enseignante aux exigences et inquiétudes des parents. De leur côté, les enfants se sont entendus pour nous dire : «On apprend à compter, à chanter, à faire beaucoup de choses et on mange aussi.»