Les recherches menées par les éducatrices au niveau de l'école de formation servent de référence pour l'amélioration des programmes, l'on a aussi procédé à l'installation d'une cellule de réflexion composée de pédagogues, de psychologues, de linguistes et de spécialistes dans l'éducation de l'enfant. Le préscolaire, système longtemps marginalisé et très peu connu en Algérie, commence à susciter l'intérêt des spécialistes dans le domaine. L'enjeu est important à plus d'un titre, il est étroitement lié à l'éducation des enfants dont la tranche d'âge varie entre 3 et 6 ans. Un âge très sensible pour ne pas dire déterminant dans l'avenir scolaire et l'équilibre psychique de l'enfant. «Nous devons prendre très au sérieux cette question pour l'intérêt des enfants», nous explique Mme.Souflé, directrice du jardin d'enfants El-Basma sis à El Mohamadia. Cette crèche nouvellement ouverte a opté pour le système du préscolaire. «Nous sommes passés de l'étape de garderie à celle de crèche gérée par un système d'encadrement psycho-pédagogique performant assuré par des éducatrices ayant une expérience dans le domaine», précise notre interlocutrice. Il s'agit principalement de donner une autre vision et un nouveau cachet à cet endroit longtemps perçu comme une simple garderie pour enfants. «L'enfant n'a pas uniquement besoin de manger, dormir et jouer. Chez nous, on joint l'utile à l'agréable à travers l'intégration de nouvelles disciplines intellectuelles», explique Mme Souflé. La nouveauté, c'est l'intégration d'un programme préscolaire par le biais de cours se basant essentiellement sur l'expression orale et le calcul. Cela va aider l'enfant à mieux entamer sa vie scolaire. «Nous en avons fait l'expérience avec un certain nombre d'enfants et le résultat a été plus que satisfaisant», rassure la directrice de la crèche El-Basma. L'encadrement des enfants se fait par des éducatrices diplômées de l'Ecole de formation des éducatrices de la petite enfance. Une école ouverte avec le concours de la Caritas allemande en 1969 puis fermée en 1999. Trois ans aprè, l'école a été rouverte à Bologhine. Cet établissement, dénommé Presco, assure la formation des éducatrices spécialisées dans l'enseignement préscolaire, l'organisation de stages de recyclage et de perfectionnement, etc. L'encadrement des sections est assuré par des professeurs spécialisés de niveau universitaire et plus, le programme de formation est composé de 18 modules en psychologie et sciences de l'éducation. L'entrée à la formation se fait sur con-cours pour les candidats ayant le niveau de 3e secondaire accomplie et sur titre pour les titulaires du bac. Le régime des études est assuré en demi-pension. L'école est dotée d'une bibliothèque, d'une salle de travail et d'un réfectoire. Pour la directrice de cette école, il est plus qu'urgent de rattraper le retard enregistré par l'Algérie dans le domaine du préscolaire au niveau notamment des jardins d'enfants. Nous avons, au départ, essayé d'unifier les programmes, en deuxième lieu nous allons lancer une réflexion sérieuse pour les enrichir. Actuellement, les jardins d'enfants, du moins les 30 Epic affiliés à la wilaya d'Alger, notamment El-Basma, se sont inspirés des expériences française et anglaise, «le domaine était vierge, donc il fallait absolument pallier cette situation». Il fallait donc, à en croire notre interlocutrice, franchir le pas pour sensibiliser les pouvoirs publics. La mission n'est pas facile, «c'est un domaine extrêmement sensible qui demande des moyens matériels et des compétences humaines», ajoute notre interlocutrice. Certes, les expériences des pays développés sont d'une importance capitale, mais sociologiquement, l'on ne peut les appliquer textuellement en Algérie. «Il faut prendre en considération les spécificités psychosociales de l'enfant algérien», fait remarquer Mme Souflé. Les recherches menées par les éducatrices au niveau de l'école de formation servent de référence pour l'amélioration des programmes, l'on a aussi procédé à l'installation d'une cellule de réflexion composée de pédagogues, de psychologues, de linguistes et de spécialistes dans l'éducation de l'enfant. «Nous avons un contrat moral avec les enfants que nous ne devons pas trahir», explique Mme Souflé. «Pour différentes raisons, l'Etat s'est longtemps désintéressé de ce secteur, actuellement il existe une volonté politique de le prendre en charge». A ce sujet, la première responsable de l'école de formation des éducatrices lance un appel aux autorités concernées pour s'engager dans des actions palpables à même de placer le préscolaire parmi les préoccupations de l'heure. «On doit prendre au sérieux cet aspect dans l'intérêt du pays.» «Cet intérêt», répond aux exigences de l'heure. «Les parents de l'an 2000 sont différents de ceux des années 60. Actuellement, les parents se montrent de plus en plus exigeants», explique Mme Souflé et d'ajouter: «Actuellement, les parents s'intéressent de près à l'environnement de leurs enfants dans les jardins» et pour cela, à en croire notre interlocutrice, il est plus que nécessaire de réviser notre politique en matière de préscolaire.