En dépit de toutes les campagnes de sensibilisation de l'ensemble des citoyens aux risques d'électrocution sur les lignes ferroviaires récemment électrifiées dans la banlieue algéroise, 2 mois seulement après leur mise sous tension à 25 000 volts, en l'occurrence El Affroun-El Harrach et Gué de Constantine-Oued Smar, la SNTF a recensé au moins 10 personnes mortes par électrocution à proximité de ces voies. Opérationnelle depuis le 6 février dernier, la mise sous tension de ces lignes a constitué donc un véritable danger de mort sur la vie des riverains et autres usagers des trains. Cependant, la SNTF plaide son innocence et accuse les citoyens de ne pas respecter les consignes de sécurité prescrites par l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF), laquelle est chargée de parachever l'électrification des lignes de la banlieue algéroise. L'ANESRIF, qui n'a guère cessé d'appeler les citoyens à la vigilance en leur expliquant qu'il est formellement interdit de s'approcher des postes électriques ou des sous-stations, de monter sur les poteaux, de circuler ou jouer à proximité des installations électriques ou d'allumer un feu au voisinage des lignes électriques, se retrouve aujourd'hui obligée de relancer sa campagne de sensibilisation après un tel bilan macabre. Les agents de la SNTF distribuent désormais aux citoyens, dans toutes les gares des banlieues Est et Ouest d'Alger, des prospectus et dépliants sur lesquels est expliqué, schéma à l'appui, le danger encouru par les usagers des trains si ces derniers s'aventurent à lancer des objets métalliques au voisinage de la voie ferrée, à jeter de l'eau ou étendre du linge sur les fils électriques ou à s'approcher de fils électriques tombés à terre. Pour rappel, sur recommandation des experts français de la société SNCFI, la SNTF et l'ANESRIF ont mené une campagne de sensibilisation interne et externe qui a débuté au mois de mai 2008. Par le biais des différents moyens d'information et de communication, cette campagne a porté entre autres sur la réalisation de spots de sensibilisation radio et télévision. Des cours de sensibilisation destiné au Ministère de l'Education Nationale ont été également élaborées et même les mosquées ont été mobilisées pour parler dans leurs prêches des risques électriques de la voie ferrée. Mais cela n'a guère empêché qu'une dizaine d'électrocutions surviennent sur les seules lignes d'El Affroun-El Harrach et Gué de Constantine-Oued Smar. C'est dire si nos citoyens font preuve d'une grande inconscience face aux risques d'électrocution. Une inconscience contre laquelle plusieurs chefs de gare que nous avons rencontrés préconisent une sévérité exemplaire. «Les gens continuent de traverser la voie ferrée sans utiliser les passerelles. Qu'ils soient adultes ou mineurs, instruits ou analphabètes, les usagers du train en Algérie se moquent des consignes de sécurité. Pourtant, nous n'avons jamais cessé d'expliquer les dangers inhérents à l'électrification de la voie ferrée qui entraînent, si les consignes de sécurité ne sont pas respectées, la mort. Si cela continue, c'est vers une terrible hécatombe que nous nous dirigeons», avertit un responsable de la gare de Birtouta. Aujourd'hui, plusieurs cadres de la SNTF recommandent aux services de sécurité d'intervenir dans les gares pour imposer le respect des mesures de sécurité aux usagers des trains. Faut-il en arriver jusque-là pour sauver la vie des citoyens ? Les spécialistes du trafic ferroviaire n'y voient aucune une autre alternative. A. S.