Les arts martiaux peinent à trouver leurs repères en Algérie même si les résultats du week-end dernier de nos représentants à Amman venaient à démentir quelque part cette affirmation. Ils peinent encore plus après que l'adhésion populaire qu'ils ont connue à la fin des années soixante a fluctué en baisse pour des raisons d'évidence sociologique. Le cinéma au milieu des mêmes années soixante a beaucoup contribué à l'élan de nos concitoyens vers une discipline qui d'emblée faisait imposer le respect à l'autre non en tant que moyen de dissuasion ordinaire mais en qualité d'arme, donc plus d'agressivité que de défense. Il est vrai qu'au cinéma, les films d'un Bruce Lee, que le monde entier découvrait, teintés d'extrême romantisme mais aussi d'extrême violence mis à la disposition des faibles, la promotion des arts martiaux via des revues spécialisées jusqu'à celle destinée aux enfants (Dr Justice, Pif) et le délire entretenu par leur pratique ne pouvaient qu'encourager un flux considérable de jeunes Algériens encouragés par leurs parents à rejoindre les dojos. Le titre ronflant de «Maître» dont se prévalaient certains karatékas algériens rentrant de l'étranger venait forcément en rajouter.Après avoir culminé, et pour cause, les arts martiaux allaient connaître le contrecoup parfait et non pas revenir au point initial mais stagner durablement et ensuite faire comme le reste des autres disciplines qui en leur temps avaient brillé, du surplace à l'exception du football… forcément.Ils n'allaient, depuis une vingtaine d'années, être entretenus que par l'entêtement de militants (mais également rêveurs) du sport qui considéraient mordicus que leur étoile brillerait à nouveau. Ce qui, avec la moisson de médailles à la toute fraîche participation du club Anourar du village d'Illoula Oumalou à la compétition d'Amman confirmait que la notoriété ne partait plus des grandes villes mais de patelins et lieux-dits du pays profond. Un peu à l'image de l'haltérophilie qui sortait du village de M'Doukal, dans les fins fonds des Aurès. Autre preuve : l'autre équipe participant à cette rencontre est de Tissemsilt… C'est dire que la discipline a beau s'appeler arts martiaux, ce n'est pas pour autant que les instances sportives nationales lui accorderaient plus d'intérêt. La réaction des deux jeunes entraîneurs résume, on ne peut mieux, l'état des lieux : «L'équipe [Anourar, ndlr] pouvait réaliser de meilleurs résultats lors de ce championnat… «Mon équipe [Tissemsilt, ndlr] a participé à cette compétition pour avoir plus d'expérience.» Mais, unanimement, les deux coaches stigmatisent «l'absence totale des autorités» qui ne leur ont assuré «que la prise en charge du transport». Nous sommes bien loin du milliard de centimes que percevrait chaque joueur de l'équipe nationale de football si l'Algérie se qualifiait au prochain mondial. Il est incontestable que les Algériens excellent dans toutes les compétitions pour peu que les pouvoirs publics les accompagnent… durablement et non au lendemain d'une euphorie générale faisant suite à des moissons heureuses de médailles dans une compétition donnée. C'est ce qui s'est régulièrement passé en boxe, en judo, en hand-ball, qui som breront, par la suite, dans une grande léthargie. La Fédération algérienne des arts martiaux a beau exister, cela ne suffit pas, il lui appartient d'apporter les arguments de son utilité dans le domaine en prenant en charge les aspirations de milliers de jeunes qui ne demandent qu'à nourrir une passion et, ce faisant, apporter les plus grandes satisfactions à leur pays. Rien que pour l'anecdote, il semblerait, selon l'un de nos confrères, que Jean-Claude Vandamme se trouverait en Algérie au cours de ce mois. Pari est pris qu'il y aura bousculade là où il se trouvera et plus d'officiels que de sportifs concernés. A. L.