Comme toutes les autres disciplines, les arts martiaux souffrent en Algérie de la problématique de la formation. Pour diverses raisons, les licenciés ne sont pas pris en charge comme l'exige la performance. Mais ce n'est point une raison pour dire que rien ne se fait dans le cercle des arts martiaux. Bien au contraire, la FAAM est la seule instance à avoir un plan de travail qui cerne la question de la formation, aussi bien celle des techniciens que celle des arbitres. Une série ininterrompue de stages se tient en effet à longueur d'année. La ville de Skikda vient d'abriter un stage technique national dédié à l'aïkido. A l'initiative de la Fédération algérienne et de la ligue de wilaya des arts martiaux, et placé sous la direction de l'expert algérien Rabah Achour, ce stage s'est déroulé dans la salle omnisports Frères Bouchache de Skikda. Il a regroupé, selon les organisateurs, plus de 200 sportifs représentant plusieurs wilayas du pays. Les organisateurs de cette manifestation déclarent que cette initiative est destinée à donner une nouvelle impulsion à ce sport de combat et à le promouvoir dans la wilaya de Skikda. Jugeant le niveau atteint par cette discipline en Algérie d'«acceptable» par rapport aux pays voisins, Rabah Achour a estimé que certains athlètes algériens «disposent d'un niveau qui leur permet de soutenir la comparaison avec leurs pairs européens». En termes de statistiques, on indique que 9 clubs sont affiliés, dans la wilaya de Skikda, à la ligue locale des arts martiaux. Ils regroupent quelque 1 000 athlètes âgés de 6 à 45 ans. Il est vrai que la formation ne peut à elle seule remplacer les grandes compétitions dans lesquelles les athlètes ont l'occasion de se frotter aux meilleurs de la discipline. Ce qui a été réalisé récemment à Amman, la capitale jordanienne, en est la parfaite illustration. L'Algérie a décroché en effet 12 médailles au Championnat arabe des clubs de kung-fu wushu. L'Algérie était représentée par le club Anourar de Illoula Oumalou de la wilaya de Tizi Ouzou, garçons et filles, et un autre de Tissemsilt. Ce championnat auquel ont participé dix nations arabes a vu les enfants de l'Anourar surclasser leurs adversaires et de fort belle manière, suscitant l'admiration de tous les présents. Résultats : 6 médailles d'or, 3 en argent et une en bronze. Les responsables de l'équipe Anourar étaient autant satisfaits par cette performance qu'animés de quelques regrets. «L'équipe pouvait réaliser de meilleurs résultats lors de ce championnat», estiment les membres du club d'Illoula Oumalou, double champion d'Afrique et du Maghreb. L'entraîneur M. Samir Allad, a souligné, de son côté, que ce championnat constitue une expérience supplémentaire pour son équipe qui s'était préparée dans des conditions difficiles. Pour le club de Tissemsilt, on ne se fait pas d'illusions. «Mon équipe participe à ce championnat pour avoir plus d'expérience», fera remarquer l'entraîneur du club de Tissemsilt, Yousri Abderahmane. L'évaluation ne se limite pas aux seuls résultats techniques, dans la mesure où les deux techniciens font état de l'absence d'une réelle prise en charge de la part des autorités locales. Il faut dire que les arts martiaux ne bénéficient pas des regards des médias qui préfèrent placer leurs caméras là où il y a foule. Certaines disciplines continuent en effet à évoluer en marge, y compris lorsque les résultats techniques sont motifs de satisfaction. Au mois d'avril 2008, une formation de Mecheria est allée faire ses preuves au Championnat du monde de kempo. A l'issue de cette édition, qui s'est déroulée à Faro (Portugal), les représentants algériens ont fourni d'honorables prestations. Ces performances accomplies avec force et détermination ont suscité joie et admiration au sein de la jeunesse de la ville. Fier de cet exploit, M. Saci, membre du comité de Mecheria, avait déclaré qu'au terme d'un tournoi de haut niveau, l'équipe algérienne a obtenu au total trois médailles d'or, deux d'argent et trois de bronze, dont l'une a été acquise par Bouzine Mohamed, 26 ans (moins des 70 kg) et la seconde par Aggoune Abelouahab, 26 ans (moins des 60 kg), deux athlètes de la wilaya de Naama. «Par ces excellents résultats, cette merveilleuse équipe va certainement redonner une nouvelle dynamique aux athlètes de toutes les disciplines des arts martiaux», a-t-il ajouté. Si les bons résultats récoltés par les différentes sélections nationales ainsi que celles des équipes feront dire, à juste titre, que les arts martiaux ont un bel avenir en Algérie, il faudrait néanmoins mettre le doigt sur l'acquis le plus inestimable que compte le pays dans ce cercle. Il s'agit d'une tradition de travail dotée d'un plan d'action. La Fédération algérienne des arts martiaux élabore, à chaque saison, un plan d'action annuel. Dans ce plan, on trouve des stages techniques organisés au niveau national et d'autres au niveau régional. Des stages d'arbitrage sont tenus de manière régulière. Ces regroupements d'arbitrage sont constamment suivis de stages de recyclage. C'est dire que la formation dans la maison des arts martiaux est loin de constituer une chimère. A. Y.