Le géant indien de la sidérurgie, ArcelorMittal, comme l'ensemble des producteurs d'acier (Corus, Thyssen-Krupp, Riva...), fait face à un écroulement de la demande mondiale, notamment celle issue des secteurs de la construction et de l'automobile. Le groupe réduit, en effet, la production de ses sites européens de 50%. Frappé de plein fouet par la crise économique mondiale, ArcelorMittal ne peut malheureusement échapper à la triste décision prise, ces derniers temps, par beaucoup de multinationales, à savoir la réduction de leurs effectifs et la fermeture de certaines unités. Sur les vingt-cinq hauts-fourneaux du groupe en Europe, quatorze seront mis en sommeil le 1er mai prochain. La dernière décision en date concerne l'usine ArcelorMittal de Galati, (sud-est de la Roumanie). Provoquée par la baisse des commandes, cette décision qui touche pas moins de 12 000 salariés, a été confirmée cette semaine par le premier producteur mondial de l'acier. Il a, en effet, annoncé la mise en chômage technique, par rotation, de tous ses employés de Galati à partir du 1er mai. «La direction nous a annoncé aujourd'hui la mise en congé forcé de tous les employés pour cinq jours, par rotation, probablement en trois groupes», a déclaré le responsable syndical Gheorghe Tiber, cité par des agences de presse. Une indemnisation de 85% du salaire devrait être accordée aux employés durant la période chômée, soit supérieure au minimum de 75% prévu par la loi roumaine. ArcelorMittal avait, par ailleurs, annoncé la semaine dernière la fermeture, dans le sillage de la crise économique, de son unité de production de coke à Galati, précisant qu'il utiliserait du coke provenant de son usine de Pologne. Certains experts affirment, de ce fait, que ces décisions font suite à une série de mesures drastiques déjà mises en œuvre depuis la fin 2008 par le géant indien de la sidérurgie. En décembre dernier, cette multinationale avait annoncé la suppression de 9 000 postes dans le monde (3% de l'effectif), dont 1 400 en France. Elles portaient en premier lieu sur les fonctions support, puis sur les postes techniques. Les spécialistes de l'industrie sidérurgique dans le monde expliquent que ce secteur adapte sa production en fonction de la demande. «Si la demande baisse, la production baisse également, ce qui poussera les usines à tourner au ralenti tel que cela s'est produit actuellement», soulignent-ils. Dans le contexte actuel, tous les indices font état d'une baisse sensible de la demande. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En effet, la production européenne d'acier a chuté de 43% sur les deux premiers mois de l'année, à 19,9 millions de tonnes, selon la World Steel Association. A l'exception notable de la Chine et de l'Iran, où la production est orientée à la hausse, la demande s'écroule partout dans le monde. «Initialement, l'effondrement de la demande était considéré comme temporaire et les mesures prises l'étaient également. La baisse de la demande s'est révélée plus ample qu'attendue», a analysé Marcel Genet, responsable de Laplace Conseil. A la fin de 2008, ArcelorMittal prévoyait une baisse de production de 30% pour le premier trimestre 2009. S. B.