Les retombées de l'activité du complexe sidérurgique sur l'économie nationale restent très en deçà des attentes. Le wali d'Annaba pourrait décider de fermer dans les prochains jours le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, en raison de problèmes techniques enregistrés dans la cokerie. Ce nouvel incident, s'il n'est pas maîtrisé, pourrait menacer les habitants de la ville d'Annaba. C'est pourquoi qu'a été instituée une commission qui devra visiter le complexe et rendre ces conclusions. Cet incident survient après une série de défaillances techniques enregistrées au cours de l'année 2008 qui a fait chuter la production d'acier du complexe de plus de 1 million de tonnes à 700 000 tonnes l'année dernière. Le nouveau directeur général d'ArcelorMittal Annaba, Vincent le Gouic, a averti : sans une production d'acier d'au moins 1 million de tonnes, le redressement de l'entreprise serait beaucoup plus difficile. Le nouvel incident aggrave la situation. Cet événement dramatique va apporter de l'eau au moulin aux partisans de la nationalisation du complexe d'El-Hadjar. Les observateurs, les plus neutres, eux, vont se poser de nouveau la question de l'apport du partenaire indien à la rénovation de ce pôle sidérurgique. Pour certains experts, ArcelorMittal a peu investi dans la modernisation du complexe. Après une production record, ce dernier a vu chuter ses performances ces dernières années. La crise financière mondiale n'a pas arrangé les choses. Fermeture d'usines à l'étranger, investissements réduits dans les unités en exploitation aux dépenses de fonctionnement. Malgré son lourd endettement, ArcelorMittal continue de bénéficier de la confiance de la communauté financière internationale. Il a pu lever sur le marché financier international plus de 22 milliards d'euros. ArcelorMittal envisage aujourd'hui de rebondir rapidement avec les signes de reprise de l'économie mondiale. Il envisage de massifs investissements, notamment en Inde où il prévoit deux complexes sidérurgiques géants d'une capacité globale de 24 millions de tonnes annuellement. Côté Algérie, après l'entrevue entre le président Bouteflika et le patron de ArcelorMittal sanctionné par un niet du chef de l'état aux projets du groupe indien, notre pays ne figure pas parmi les pays stratégiques pour ArcelorMittal. Le complexe El-Hadjar n'arrive pas à atteindre ses pleines capacités de production, à savoir 2 millions de tonnes d'acier par an. Ce qui représente une petite part de la production mondiale du sidérurgiste indien. Quant à l'impact sur l'économie algérienne, c'est la déception. ArcelorMittal Annaba n'arrive pas à couvrir de manière satisfaisante la demande en rond à béton. L'Algérie, bien qu'elle dispose de ce fleuron sidérurgique, a dû recourir de manière massive aux importations de ce produit sensible. Dans la foulée, son projet industriel de production de rond à béton à Jijel a été gelé, en raison des effets de la crise financière mondiale sur le groupe. Toutes ces mauvaises nouvelles pourraient réviser la perception selon laquelle le partenariat avec ArcelorMittal serait une “success story” morale de l'histoire : dans les grandes affaires d'investissement et de partenariat étranger, l'état devrait jouer son rôle de régulation au lieu de rester les bras croisés au nom d'une conception économique aujourd'hui remise en cause : laisser jouer librement les règles du marché, même si elle crée de graves dysfonctionnements dans les appareils de production et de distribution.