Il y a une sorte de consensus entre les deux principales organisations pétrolières, l'OPEP et l'AIE, sur la question de la demande pétrolière mondiale. Toutes deux regardent dans la même direction, estimant que cette demande est en train de chuter de jour en jour. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande mondiale de brut est en train de fondre, atteignant des bornes proches de celles enregistrées en 2004. Ses experts tablaient récemment sur un rebond au second semestre 2009. C'est une hypothèse qu'ils ont cependant abandonnée, révisant à la baisse leurs prévisions. En chiffres, la demande de brut diminuera de 2,4 millions de barils par jour (Mb/j) pour revenir à 83,4 Mb/j, au niveau de 2004. Quant à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, elle table sur un repli de 1,37 Mb/j, à 84,2 Mb/j. Cette baisse est la conséquence de la morosité qui caractérise aujourd'hui l'économie mondiale. L'OPEP justifie sa prévision par la chute de 90% de la croissance de la demande des pays non membres de l'OCDE. Elle a fait savoir que sa production a reculé de 145 000 barils par jour en mars par rapport au mois précédent. Ce n'est pas rien. Bien que les quotas de production aient été maintenus lors de sa réunion du mois de mars, à Vienne, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole avait souligné son intention de mieux les respecter. Aujourd'hui, certains responsables de l'OPEP soulignent que les décisions de diminution engagées fin 2008, sont respectées à hauteur de 80%, une proportion jugée appréciable. La prochaine réunion aura lieu fin mai, une rencontre consacrée à l'examen des marchés. L'Organisation pétrolière pourrait, au cours de cette conférence, maintenir inchangés ses quotas de production. C'est une hypothèse fort probable, même si certains estiment qu'elle devrait décider d'une baisse de son offre pétrolière en cas de nouvelle contraction de la demande. Si la demande baisse d'ici la réunion de l'OPEP, la possibilité pour une «baisse de la production de l'OPEP existe», déclarait récemment Khatibi, le représentant iranien au sein de l'OPEP. Il s'exprimait dans les colonnes du quotidien Hamshahri, publié aujourd'hui. L'OPEP, qui pompe 40% de la production mondiale de pétrole, avait maintenu le 15 mars dernier son objectif de plafond de production à 24,84 millions de barils par jour, mettant en exergue le fait qu'elle essaye de contribuer à l'équilibre de l'économie mondiale. En fait, l'Organisation pétrolière, sous présidence angolaise actuellement, ne voulait pas gêner la tenue du sommet du G20 du 2 avril dernier. L'OPEP se dit disposée à s'accommoder d'un baril à cinquante dollars. Seulement, ce ne sont pas tous les pays membres qui sont d'accord sur ce prix. Le Venezuela, pour l'exemple, souhaite que l'OPEP fixe une fourchette de prix pour encadrer les cours du baril de brut. C'est ce qu'a déclaré vendredi dernier son ministre du Pétrole, Rafael Ramirez. Caracas avait déjà indiqué en début d'année vouloir réguler les prix du baril de brut pour les arrimer à un niveau compris entre 70 et 90 dollars. Le cours du baril de pétrole brut léger à New York, pour livraison en mai, s'est établi vendredi dernier à 50,33 dollars, en hausse de 0,35 dollars. Il a atteint au cours de la journée un creux de 49,41 dollars et un sommet de 51,37 dollars. Y. S.