Le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Nabuo Tanaka, séjourne depuis lundi dernier à Alger. Il conduit une délégation composée d'experts de l'agence. Nabuo Tanaka a eu des entretiens avec le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Il a animé hier une conférence-débat devant les cadres du secteur de l'énergie et des mines. Il a, à cette occasion, discuté des fondamentaux des marchés pétroliers, des tendances actuelles des cours du brut. Prudent, il s'est cependant gardé d'avancer des prévisions détaillées sur les prix. Une anticipation a minima, toutefois : les cours de pétrole pourraient «se tasser entre 2009 et 2010», dit-il. Le patron de l'Agence internationale de l'énergie affirme que la demande pétrolière reste tirée vers le haut par des pays émergents comme la Chine et l'Inde, deux Etats qui ne semblent pas être dans les bonnes grâces de l'Aie. Celle-ci leur fait un reproche : la «rétention» de l'information sur leurs stocks. L'information sur la consommation d'énergie permet de cerner l'évolution de la demande. Nabuo Tanaka fait observer qu'au sein de l'OCDE l'information circule mieux. Normal, l'AIE est une des structures gravitant autour de l'OCDE. Les experts de l'AIE se posent en conseillers en matière d'énergie des vingt-sept pays membres de l'agence dont la majorité fait partie de l'OCDE. En tout cas, la demande pétrolière mondiale évoquée par Nabuo Tanaka a été légèrement révisée à la baisse par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Cette dernière a en effet modifié hier ses prévisions de hausse de la demande de brut dans le monde à 1,20% en 2008, contre une précédente estimation de 1,28% en raison de la persistance des prix élevés de l'or noir et de la crise économique mondiale. Pour 2009, l'OPEP table sur une hausse de la demande de brut de 1,03%, soit 900 000 barils par jour à 87,71 mbj. Cela représente 100 000 barils par jour de moins que la moyenne de 86,81 mbj estimée pour 2008. La croissance de la demande de brut dans le monde a connu une forte hausse lors des vingt dernières années. Cependant, la nouvelle structure des prix et le ralentissement de l'économie mondiale ont contribué à peser sur la croissance de la demande de brut dans de nombreuses régions, a souligné l'OPEP dans son rapport de juillet publié hier à Vienne. Le niveau élevé des prix de détail et la crise économique ont particulièrement affecté la demande de brut des pays industrialisés cette année, selon le rapport qui table sur la poursuite de cette situation. Outre la question de la demande, le directeur exécutif de l'AIE a abordé la dépréciation du dollar, le déclin de certains gisements pétrolifères, les conflits géopolitiques…. Il souhaite par ailleurs que l'on s'intéresse aux énergies alternatives. Nabuo Tanaka est de nationalité japonaise. Il a fait l'université de Tokyo. Il dirige l'AIE depuis septembre 2007. L'Agence internationale de l'énergie est une organisation internationale à caractère consultatif. Elle remplit une fonction de taille, celle de faciliter la coordination des politiques énergétiques de ses pays membres. Elle a été créée en 1974 suite au premier choc pétrolier. L'AIE s'est tout d'abord donné pour but d'assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques (pétrole principalement) afin de soutenir la croissance économique. Elle entend accomplir aujourd'hui cet objectif, tout en contribuant à la protection de l'environnement, à la réflexion sur les changements climatiques et sur les réformes des marchés. L'AIE étudie en détail tous les secteurs énergétiques sauf le domaine de la fission nucléaire, analysé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Statutairement, l'Agence internationale de l'énergie est une agence autonome de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle a son siège à Paris et compte vingt-sept pays membres. Depuis les dégâts occasionnés par l'ouragan Katrina, l'AIE coordonne l'action des Etats membres pour garantir les approvisionnements pétroliers, notamment en puisant dans les réserves stratégiques des États-Unis, de l'Allemagne et de la France. Y. S.