Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali La pièce de théâtre Sadma, adaptée du roman l'Attentat de Yasmina Khadra par Mourad Senouci et mise en scène par Ahmed Khoudi, saura-t-elle rendre toute la complexité du conflit israélo-palestinien, dans ses répercussions les plus méconnues sur l'âme humaine, que l'auteur a décrites avec le talent qu'on lui connaît ? Plus encore : les auteurs de la pièce et ses interprètes sauront-ils «choquer» le public, comme Yasmina Khadra a réussi à le faire avec son roman et comme il souhaiterait que la pièce le fasse ? Telles sont les deux questions que Mourad Senouci s'est posées ouvertement, lundi dernier, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu au théâtre régional Abdelkader Alloula : «Connaissant le peuple algérien et son soutien presque aveugle à la cause palestinienne, j'ai pris quelques précautions dans mon adaptation mais Yasmina Khadra les a refusées. ‘'Il faut choquer le public, il faut qu'il sache'‘, a-t-il insisté.» Avec l'Attentat comme avec les Hirondelles de Kaboul ou les Sirènes de Kaboul, Yasmina Khadra a essayé de remettre les choses à leur place : «Je sais combien les gens sont abusés par les raccourcis médiatiques et les stéréotypes politiques et, armé de mon expérience et de mon amour pour l'espèce humaine, j'essaye de calmer les esprits […]. Je tente de rassurer les intelligences, d'éveiller les consciences et de mobiliser les esprits autour d'un merveilleux idéal qui s'appelle : la vie», a-t-il, notamment, expliqué au cours de l'une des innombrables interviews qu'il a eu à donner à travers le monde. Souvent, il faut savoir recourir à l'électrochoc pour réveiller les consciences et les amener à se méfier des conformismes et des idées toutes faites ; ce que Khadra fait avec un rare talent même s'il lui a fallu, parfois, essuyer des commentaires acides et affronter des attitudes où la bêtise le dispute à l'absurde. L'idée d'adapter l'Attentat au théâtre est née du souci, exprimé par le ministère de la Culture, de se pencher sur la littérature algérienne : «Je venais de lire le roman de Yasmina Khadra et j'étais encore sous le charme, a rappelé M. Azri, le directeur du TRO. J'en ai donc, confié l'adaptation à Mourad Senouci et la mise en scène à Ahmed Khoudi que je connais très bien. Après la générale de jeudi prochain, il y aura cinq représentations encore avant que la pièce ne prenne le chemin du Festival du théâtre professionnel.» Tout en soulignant que cette pièce est la quatrième production de la saison pour son établissement, le directeur du théâtre s'est également félicité de l'heureux hasard qui fait coïncider la sortie de la pièce avec la décision algérienne d'accueillir «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe» dont les manifestations ont été lancées fin mars dernier.Pour sa part, le metteur en scène Ahmed Khoudi s'est réjoui de retrouver Oran où il a commencé sa carrière dans le théâtre, en 1974, et a affirmé que les conditions de travail qui ont entouré les répétitions, ces deux derniers mois, ont été très bonnes. Le professeur d'art dramatique et directeur de l'école de Bordj El Kiffan s'est, toutefois, offusqué qu'Oran, qui, jadis, fourmillait de troupes de théâtre, ne recèle pas suffisamment de comédiens : «A Bordj El Kiffan, nous n'avons pas un seul étudiant originaire d'Oran», a-t-il déploré avant d'expliquer que les 12 interprètes de Sadma - dont la sémillante Fadela Hachemaoui qui est également l'assistante du metteur en scène- proviennent de diverses wilayas de l'Ouest.