Le dernier rapport sur la stabilité financière mondiale élaboré par les services du Fonds monétaire international (FMI) est alarmant. Il chiffre à 4 054 milliards de dollars le coût de la crise financière mondiale actuelle. Cette estimation est l'addition des pertes liées à des dépréciations d'actifs financiers américains (2 712 milliards), européens (1 193 milliards) et japonais (149 milliards). Mais qui va la supporter ? Les institutions financières ont dû et devront composer avec une telle situation en attendant que l'orage passe. L'estimation en question est cependant circonscrite dans l'intervalle, allant depuis le début de la crise financière, à l'été 2007, jusqu'en 2010. Le FMI rectifie ainsi des évaluations qu'il a faites il y a quelques mois. La précédente estimation ne prenait en compte que les actifs américains et se montait à 2 200 milliards de dollars. Le système financier mondial reste soumis à très rude épreuve, à l'heure où la crise s'étend aux ménages, aux entreprises et aux banques, tant dans les pays avancés que dans les pays émergents, a indiqué le FMI. Le ralentissement de l'activité économique pèse encore plus lourdement sur les bilans des banques, dont les actifs continuent à se dévaloriser, compromettant ainsi leurs ratios de fonds propres et l'ouverture de nouveaux crédits, a ajouté l'institution multilatérale que dirige aujourd'hui le Français Dominique Strauss-Kahn. Les besoins de refinancement des pays émergents sont considérables, de l'ordre de 1 800 milliards de dollars en 2009, le gros provenant des entreprises. D'après les estimations actuelles, les flux nets de capitaux privés vers les pays émergents seront négatifs en 2009, et il est peu probable que les entrées de capitaux reviennent à l'avenir aux niveaux antérieurs à la crise, ajoute le Fonds. Les pays émergents qui dépendaient de ce type de flux commencent à s'affaiblir, et il est donc d'autant plus important de mobiliser des appuis officiels compensatoires, suggère-t-il. La croissance du crédit marque le pas, ou devient même négative, ce qui freine davantage l'activité économique. De vastes opérations d'ajustement du secteur privé et de relance par l'Etat ont déjà été engagées et contribuent à donner les premiers signes de stabilisation. Il faudra, malgré tout, d'autres mesures énergiques et efficaces et une plus grande coopération internationale pour entretenir ce redressement, rétablir la confiance du public dans les institutions financières et normaliser les marchés, préconise-t-il. Lors de la dernière réunion en date du G20, le FMI a été soutenu financièrement par les animateurs de la rencontre londonienne. Tous les pays se sont mis à contribution pour renflouer les caisses de l'institution multilatérale. Une question cependant : le Fonds est-il en mesure de venir en aide aux pays qui en ont déjà fait la demande. Des pays à l'économie fragilisée par la crise avaient demandé des prêts auprès de cette institution. Certains y ont eu droit, d'autres attendent toujours. L'économie mondiale, en forte croissance ces dernières années, risquerait de pâtir sérieusement des effets de cette crise. La dernière crise financière en date était moins aiguë que celle qui fait l'actualité aujourd'hui. Elle remonte à 1998. A cette époque, une grave crise financière en Russie et en Asie s'était greffée sur les pertes en Bourse d'un fonds américain, Long Term Capital Management. En deux mois, l'on s'en souvient, les Bourses européennes avaient perdu 20,7%, soit 74,9% enrythme annuel. Etait-ce supportable ? Y. S.