Comment faire face à la crise financière mondiale qui menace de détruire les radios publiques ? Les participants à la 15e assemblée de l'Union européenne de radio-télévision (UER), tenue ce week-end à Alger, posent le problème avec beaucoup de sérieux et engagent des discussions pour une véritable sortie de crise. Et pour cause ! «La crise financière mondiale n'épargne pas les médias publics. Nous avons vu le cas de la radio publique de Lituanie mais aussi d'Espagne dont les subventions gouvernementales ont chuté de façon brutale. Le mal risque de se propager partout ailleurs si les Etats ne prennent pas les dispositions nécessaires à temps. Et si cela arrive, ce sera une véritable catastrophe pour les citoyens», a rappelé jeudi dernier, au cours d'une conférence de presse tenue à Alger, Jean Réveillon, le directeur général de l'UER. Le représentant de cette organisation professionnelle qui regroupe 75 membres actifs, issus de 56 pays d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, appellent les Etats aussi bien que les citoyens à la préservation de ces radios : «Nous avons le devoir de préserver ces radios publiques dont les programmes doivent être définis selon les besoins des sociétés et non du marché. Nos gouvernants doivent faire en sorte d'assurer les financements nécessaires pour leur maintien et leur développement.» En plus des subventions de l'Etat et des ressources publicitaires, Jean Réveillon estime nécessaire que le citoyen contribue lui aussi au financement de ces radios : «Le financement permettra à l'auditeur de devenir le meilleur actionnaire dans son service public et ce, en versant des redevances adaptées.» Aborder la question de financement de ces radios publiques n'est pas sans passer par celle qui concerne le droit de diffusion des grands événements, principalement ceux sportifs. «Une réflexion est en cours. Nous avons engagé des discussions pour l'accès libre du citoyen aux grands événements sportifs», affirme le DG de l'UER, sans plus d'informations sur l'aboutissement des discussions engagées. Soutenant les déclarations de son invité, le directeur général de la radio algérienne, Tewfik Khelladi, a insisté sur la nécessité de «faire de la radio algérienne un véritable service public concurrentiel». La numérisation de ce moyen radiophonique est une étape indispensable pour y arriver. «L'UER a une grande expérience dans le domaine de la numérisation. Ses membres sont là pour nous accompagner dans cette opération qui doit toucher toutes nos chaînes de radio.» Interrogé sur l'ouverture du champ de l'audiovisuel au privé, M. Khelladi a répondu que cela est «inéluctable» mais qu'il ne peut se faire sans «une véritable organisation de la profession». Le premier responsable de la radio algérienne estime nécessaire la régulation du marché de la publicité, la mise en place d'un système de validation des sondages… pour la création de chaînes privées. «Nous devons mettre des balises», a-t-il insisté. K. M.