Photo : Sahel Par Hasna Yacoub Peut-on obtenir une moyenne de 10/20 sans accéder au niveau supérieur dans une école privée soumise aux lois de la République ? La question mérite d'être posée au regard des informations disponibles au sujet de la récusation d'élèves alors même que ces derniers ont obtenu la note méritoire pour passer en classe supérieure. Ce déni de droit manifeste est pratiqué au collège Shimsi, dans la commune algéroise de Ben Aknoun. L'avis du conseil de classe «non admis en classe supérieure», inscrit au bas d'un bulletin scolaire à côté de la moyenne annuelle supérieure à 10/20, laisse franchement perplexe ! Il est évident que le conseil de classe est, en principe, souverain dans ses décisions. Il peut décider de faire doubler un élève pour des raisons disciplinaires ou encore pour une note éliminatoire dans une des matières (généralement inférieure à 5/20) mais, dans le cas où aucune de ces raisons n'est de mise, il n'y a plus aucun argument qui peut expliquer une telle décision. Sauf si l'argument est ailleurs et ne relève pas de la pédagogie. Le décret exécutif n°04-90 du 24 mars 2004, fixant les conditions de création, d'ouverture et de contrôle des établissements privés d'éducation et d'enseignement, est pourtant clair. Son article 3 spécifie que «l'établissement privé doit se conformer à la législation et à la réglementation en vigueur […]». Dans d'autres articles, le décret spécifie que l'établissement privé est tenu d'appliquer les programmes officiels d'enseignement et qu'il doit préparer ses élèves pour participer aux mêmes examens organisés au profit des élèves des établissements publics d'enseignement. Il est à rappeler également l'intervention du secrétaire général du ministère de l'Education, tutelle de tous les établissements éducatifs (publics et privés) qui a assuré, lors d'une de ses interventions, que le passage d'une classe à une autre est fixé à 10/20. Le ministère avait même demandé, il y a deux ans, par le biais des différentes directions d'éducation, aux établissements scolaires d'organiser des examens de rattrapage afin de permettre aux élèves qui ont eu une moyenne entre 9,99 et 9/20 d'avoir une seconde chance de réussir. Le rattrapage dans les matières où l'élève a une moyenne inférieure à 10 est généralement pratiqué dans les écoles privées. Il l'est également dans le collège Shimsi. La question qui s'impose alors est : pour quelle raison cette pratique est possible pour certains élèves et pas pour d'autres ? Selon nos informations, des examens de rattrapage pour des élèves ayant une moyenne proche de 10 sont programmés. Pour ceux qui ont eu haut la main leur année, le «non admis» a mis fin à leur joie. Les raisons d'une telle décision restent inconnues. H. Y. La directrice de Shimsi refuse catégoriquement une entrevue Lors de notre déplacement hier au siège de l'école Shimsi, il ne nous a pas été possible de rencontrer la directrice de l'établissement. Prétextant une journée chargée, cette dernière refuse de nous recevoir. Insistant pour obtenir un rendez-vous, selon le calendrier de la responsable, cette dernière nous a signifié, par un de ses agents, une fin de non-recevoir avec cette précision : «Vous pouvez prendre les photos que vous voulez.» Au ministère de l'Education, aucun responsable n'était disponible pour répondre à nos questions. Selon le service de la communication, «il faut prendre rendez-vous».