Photo : Riad Par Hasna Yacoub Ils ne sont pas nombreux ces Algériens qui, en cette période de congés, sont partis en vacances. Déjà qu'ils bouclent péniblement leurs fins de mois, de nombreux Algériens se préparent, cet été, à faire face aux dépenses du mois de Ramadhan et juste après à la rentrée scolaire. Alors, pour les vacances, les plus chanceux ont réussi à envoyer leurs enfants dans des colonies de vacances, les autres se contentant de quelques journées à la plage. Mais même cette évasion n'est pas accessible à tout le monde. Les raisons ? Elles sont multiples. La première est, évidement, liée au coût d'une journée à la plage qui, malheureusement, devient un luxe pour les bourses moyennes. Quant aux petites, c'est tout simplement impossible, puisque la question des concessions revient cette année, malgré l'annonce officielle de son interdiction, avec ses tergiversations et ses ambiguïtés. Sur le terrain, il semble que l'anarchie reste maîtresse des lieux. Si à l'ouest de la capitale, des jeunes continuent à imposer leur diktat sur les plages, à l'est, d'autres jeunes ont réussi à obtenir une autorisation de leur commune. Ce qui implique que pour accéder à la plage, il y a un prix à payer. Même si cela n'est pas ouvertement exigé, il est pratiquement impossible de trouver un espace libre au bord de la mer pour planter son parasol du fait que les jeunes, autorisés ou non, ont déjà squatté toutes les plages en y installant leurs parasols proposés à la location. Quant aux prix qu'ils appliquent, aucune règle n'est imposée. Le père de famille peut se voir soutirer 1 400 DA pour une table et un parasol comme il peut ne dépenser que 600 DA sur une autre plage ! Et même en ne déboursant que 600 DA pour s'installer sur la plage et 100 DA pour le parking, il devra compter aussi avec les dépenses des pizzas et autres glaces pour ses enfants. La journée pourrait donc coûter environ 1 500 à 2 000 DA pour un père de famille. Combien de journées pourra s'offrir un salarié ? Pas besoin d'être un génie en mathématiques pour le savoir. En plus du coût, les problèmes de propreté et de sécurité continuent à se poser, comme chaque année. Un simple tour au niveau des plages nous édifie sur l'état dégradant de salubrité, mais aussi, et il est malheureux de le reconnaître, sur le nombre réduit des plages qui peuvent être fréquentées en famille. Ces réalités amères renseignent sur le développement du tourisme dans le pays, en contradiction totale avec les discoureurs de salon qui rêvent d'atteindre quatre millions de touristes en Algérie à l'horizon 2015. Avec quelle politique ? Quelle réglementation et quelle sécurité ? Si l'Algérien dans son propre pays, connaissant les mentalités, les traditions, les risques et même les combines, n'arrive pas à s'offrir quelques jours de détente, qu'en est-il d'un étranger ? L'Algérie a certes des paysages féeriques, des ressources naturelles et des richesses culturelles indéniables, mais pour y développer le tourisme, il faut une réelle volonté politique de l'Etat. Il faut établir une politique touristique prospective, suivie d'une stratégie et de plans d'action. Certainement, le tourisme en Algérie, ce ne sera pas pour 2015, ni pour 2025. Il faut, dès maintenant, commencer à mener un travail de longue haleine sur plusieurs années pour viabiliser le terrain socialement, économiquement et culturellement.