Synthèse de la rédaction nationale L'Autre 8 mai 1945, un documentaire projeté hier à Alger, relate les atrocités commises par l'armée coloniale française contre le peuple algérien sorti, ce jour-là, revendiquer son indépendance au moment même où les alliés célébraient leur victoire contre l'Allemagne nazie. Réalisé par Mme Yasmina Adi, une Algérienne née en France, ce documentaire lève le voile, à travers des témoignages illustrés par des photos et vidéos inédites, sur les mécanismes et conséquences de cette répression coloniale commise dans plusieurs villes d'Algérie, notamment Sétif, Guelma et Kherrata en mai 1945. La cinéaste s'est basée également sur des documents et archives de l'administration française, des services de renseignement anglais et américains, ainsi que sur le témoignage d'un reporter américain, arrivé le premier sur les lieux et de personnes ayant survécu à ces tueries massives, parmi lesquelles des rescapés de la guillotine. Ce documentaire révèle aussi la manière dont la machine meurtrière coloniale a été mise en branle pour mater le soulèvement des Algériens qui réclamaient le droit à la liberté et l'indépendance. Il montre comment les militaires français ont créé une milice composée de civils, dont l'un d'eux s'est même vanté d'avoir abattu «83 merles», nom donné aux Arabes qu'il croisait «lors des différentes battues organisées dans les villages et hameaux indigènes» les semaines ayant suivi le 8 mai 1945. Parmi les témoins majeurs figurent Chawki Mostefaï, le confectionneur du drapeau algérien brandi lors des manifestations du 8 mai 1945, Aïssa Chéraga le porteur du drapeau de la manifestation de Sétif et des condamnés à mort en 1945 qui ne retrouveront finalement la liberté qu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962. «En Algérie, on parle de 45 000 Algériens tués, alors que les autorités françaises reconnaissent 7 000 morts. Des deux côtés de la Méditerranée, ce bilan a une valeur très symbolique : d'un côté, les traces d'une répression coloniale que l'on aimerait cacher, de l'autre, des massacres qui symbolisent le début d'une volonté d'indépendance nationale», a expliqué la réalisatrice à l'APS. L'Autre 8 mai 1945, réalisé avec la participation de France 2, a été présenté, il y a près d'une année, à une heure tardive, par cette chaîne publique. Il a été programmé lors de différents festivals en Italie, en Espagne, en Belgique et au Burkina Faso. En Algérie, il sera diffusé dans une quinzaine de wilayas, à l'occasion de la commémoration de ces massacres.