Le 8 Mai 1945, un peuple célébrait la victoire sur le nazisme, un autre payait dans le sang le courage de son engagement. Les Algériens ont célébré, hier, le 64e anniversaire des dramatiques événements du 8 Mai 1945 qui ont plongé dans le cauchemar tout un peuple au moment où d'autres peuples célébraient leur victoire sur le nazisme. Il en est ainsi de la France officielle qui fêtait hier le 64e anniversaire de la victoire des Alliés sur le nazisme. Le 8 Mai 1945 était une occasion pour que les Algériens et les Français, qui ont combattu côte à côte le nazisme, célèbrent ensemble cette victoire. La France coloniale en a voulu autrement, noyant, en revanche, dans le sang les manifestations des Algériens en ce jour où l'Europe et le monde sortaient de l'une des plus sanglantes guerres des temps modernes. «Les milliers de victimes qui sont tombées durant les événements de Mai 1945 ne sont pas tombées en vain, puisqu'elles ont contribué à faire connaître au monde entier l'aspiration du peuple algérien à sa liberté, à son indépendance et à sa dignité», a souligné dans son message, le président de la République. Dans ce message lu en son nom par le conseiller à la Présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, lors d'une conférence historique intitulée «Lecture juridique et historique des massacres du 8 Mai 1945», jeudi à Sétif, M.Bouteflika a expliqué que ces événements constituent un témoignage accablant sur la nature du colonialisme, sa brutalité, son inhumanité et sa barbarie. «Le 8 Mai 1945 a été la manifestation d'une poussée nationaliste de plus en plus orientée vers la revendication de l'indépendance. A partir de là, le mouvement national se radicalise et le 1er Novembre 1954 verra le lancement de l'offensive finale, politico-militaire, qui mettra fin au système colonial en Algérie», a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat qui s'est incliné à la mémoire des victimes, a soutenu que «si cette commémoration est une occasion de renouveler notre condamnation de l'injustice et de la dérive de l'histoire que représente le colonialisme pour tous les peuples qui ont subi sa domination, elle ne comporte cependant aucun sentiment de vengeance ou de revanche». Il a souligné, par contre, que les discours récents sur le caractère prétendument positif du colonialisme français en Algérie sont loin de contribuer à rétablir la vérité et rendre justice à l'Algérie pour tout le mal qu'elle a subi. M.Bouteflika a tenu à préciser que le peuple français ne saura être tenu responsable de tous les crimes commis en son nom en Algérie par l'armée et le colonialisme français. «Nous savons bien que nous ne pouvons pas faire porter au peuple français tout entier la responsabilité des malheurs et des souffrances que le colonialisme français nous a imposés en son nom», a-t-il martelé. Pour tourner la page de cette période noire de l'histoire de l'Algérie, le président de la République a plaidé pour que les deux Etats et les deux peuples travaillent ensemble pour trouver la voie originale qui permette de surmonter les traumatismes causés au peuple algérien par l'Etat colonial français. Des traumatismes qui continuent, souvent instinctivement, à modeler nos consciences et nos manières d'agir. Cette voie originale permettra également, selon le chef de l'Etat, d'établir entre l'Algérie et la France, entre le peuple algérien et le peuple français des rapports authentiques d'amitié sincère et véritable dans une coopération où chacun trouvera son intérêt et des raisons d'espérer dans l'avenir. «L'essentiel c'est de construire pour nos jeunes un avenir de paix et de prospérité», a-t-il souhaité. Hier, la France officielle célébrait la victoire des Alliés sur le nazisme. Le président Nicolas Sarkozy a rendu hommage aux combattants des anciennes colonies qui ont libéré, aux côtés des troupes américaines et françaises, la France, en citant les spahis, les tabors marocains et les tirailleurs sénégalais. Paradoxalement, les Algériens qui ont le plus donné lors de la Seconde Guerre mondiale, sont les grands oubliés des hommages rendus par le président français. Quelques heures après les déclarations de M.Sarkozy, un rassemblement des «Oubliés de la République» - un collectif qui milite pour l'abolition des différences de traitement entre les anciens combattants des colonies (environ 80.000) et les anciens combattants français - a eu lieu hier à Paris pour dénoncer cet ostracisme.