De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Considérée par les défenseurs des droits de l'Homme et les citoyens, qui tiennent toujours aux valeurs de la liberté d'expression et d'opinion comme l'un des plus grands acquis arrachés par le peuple et les journalistes lors des événements de 1988 et des premiers moments de l'ouverture démocratique qu'a connus le pays au début des années, la corporation de la presse s'est invitée, hier, pour célébrer cette date dont la vraie symbolique semble être sur le point d'être remise en cause, pour des considérations politiques, économiques et sociales. En effet, sollicitée depuis les années 90 par la société afin d'exprimer ses préoccupations et aussi par les différentes forces politico-économiques qui ont marqué la scène politique, la corporation de la presse a évolué en fonction des événements et du temps, en étant à la fois un secteur choyé et hissé à un stade supérieur du quatrième pouvoir, mais aussi, comme une profession honnie et attaquée, quand elle vient à déranger l'ordre établi. Sur le plan des discours politiques, alors que le délit de presse est toujours maintenu dans le code pénal, les autorités continuent de louer le rôle important de la presse à travers le nombre de titres qui sont mis sur le marché chaque jour. Segment direct de cette corporation qui est basée au niveau de la capitale, la presse locale, représentée généralement par des correspondants qui ont également eu à subir les mêmes affres de la vie et les difficultés du terrain que leurs confrères de la centrale dans l'accomplissement de leur travail, continue de résister contre vents et marées, entre les dépréciations de certains qui reprochent à cette presse locale d'agir sans ménagement en direction des pouvoirs publics et d'autres parmi les responsables qui ne voient en cette presse qu'un moyen de transmettre et de communiquer des décisions et des promesses en direction de la population. Dès lors, n'ayant toujours pas le champ libre pour dénoncer les dépassements et les malversations constatées dans la société et étant amoindrie sur le plan des moyens matériels et socioprofessionnels, cette presse locale peut-elle atteindre ce niveau de professionnalisme et jouer effectivement son rôle d'informer d'une façon crédible le citoyen de toutes les questions qui marquent la société ? Alors, en dehors des cérémonies organisées par-ci par-là, en l'honneur des journalistes et correspondants de presse, où les responsables pourraient se permettre une attitude grandiloquente face à des confrères réclamant des moyens plus adéquats, concrètement il serait plus intéressant que les pouvoirs publics se consacrent à la révision des textes de loi qui freinent le travail des travailleurs de la presse et d'élaborer des dispositions qui puissent leur garantir une liberté d'informer et de participer pleinement à l'ancrage des valeurs de la liberté d'expression et de l'Etat de droit, dans la société. Par ailleurs, la révision de la loi sur l'information promise par le chef de l'Etat, qui, presque un mois après son élection, considère que «la liberté de la presse représente un socle solide dans notre projet démocratique», a été en quelque sorte un élément qui a re-motiver la corporation au niveau local. Ses représentants au niveau de la wilaya, invités hier à une collation au niveau de la maison de la culture de Bouira, n'attendent que la mise en œuvre des engagements du président de la République, visant à faciliter l'exercice de cette profession et sa promotion à travers des dispositifs qui puissent améliorer l'action des journalistes et correspondants sur le terrain. Ces derniers qui sont sollicités à combattre les fléaux sociaux que sont la complaisance, le clientélisme, le régionalisme, la bureaucratie et la corruption tout en traitant des différentes questions avec objectivité, espèrent que les promesses déboucheront sur la dépénalisation du délit de presse, par l'abrogation de l'article 144 bis du code pénal.