De notre correspondant à Constantine A. Lemili Dans la wilaya de Constantine, l'administration locale organise depuis dimanche dernier et durant trois jours au centre culturel Abdelhamid Benbadis des regroupements d'associations et comités de quartier ciblés selon une répartition géographique établie par ses services. Officiellement, il s'agit d'une action visant à réorganiser le mouvement associatif, d'abord en l'élaguant de toutes les associations qui seraient présentes sur le papier et absentes sur le champ d'activité. «Une situation, selon l'un des organisateurs, qui serait quelque part à l'origine de l'anarchie qui prévaut à chaque fois qu'il y a un évènement duquel il serait possible de tirer des prébendes pour le ou les animateurs d'une association donnée». Et notre interlocuteur de nous prendre à témoin pour nous rappeler l'inertie du mouvement associatif à longueur d'année. Il s'agirait ensuite de le structurer «architecturalement» en dotant l'ensemble des associations d'un conseil consultatif par daïra, les membres de ce conseil seront désignés ou élus par leurs pairs et pour couronner l'ensemble ces mêmes conseils consultatifs de daïra désigneront celui de wilaya dont la composante se fera de la même manière, sauf que ce seront les membres des douze conseils qui en feront le choix. Il deviendra dès lors le seul interlocuteur valable de l'administration et des institutions élues. Jusque-là tout semble rationnel et logique dans la mesure où, certainement comme partout ailleurs, il n'existe pas un mouvement associatif organisé au sens de la vision qu'en donnent les textes, loin s'en faut même. Mais plutôt d'un magma de personnes plus promptes à faire de l'agit-prop, dès lors que leurs intérêts sont mis en cause ou quand elles ne sont pas associées à des manifestations d'envergure susceptibles de faire obtenir un «passe» pour l'avenir, qu'à encadrer des catégories de personnes stratifiées selon l'action ou l'activité envisagées et surtout pour jouer leur vrai rôle, celui d'accompagnateur, voire de complément de l'institution communale dans la gestion de la cité. Mais la réalité de cette «réorganisation» faite au pas de charge, compte tenu de l'investissement humain consenti, des moyens délégués par l'administration locale et, paradoxalement, de l'intérêt accru de ses responsables à la mener à terme et ne désemparer qu'une fois le dossier clos prête forcément à suspicion pour les initiés au fait des convulsions qui animent la scène locale du mouvement associatif depuis quelques jours et de l'inutilité de ce dernier aux moments les plus opportuns. Des turbulences nées notamment depuis la conférence de presse animée par Mohamed Latafi, réputé coordinateur de wilaya du mouvement associatif et au cours de laquelle il a interpellé le premier responsable de la wilaya, le mettant en cause dans certains dysfonctionnements de l'administration et la marginalisation du mouvement associatif. En fait, quelques jours auparavant, rien ne présageait un soudain désamour entre le wali et ledit coordinateur, en ce sens que ce dernier animait hebdomadairement une émission radiophonique parrainée par Abdelmalek Boudiaf. Ce qui, au lancement même de cette émission, il y a une année, avait intrigué tout Constantine et, pratiquement, mis au ban du mouvement associatif Mohamed Latafi, lequel, que nous croisions, il y a une année, par hasard dans les couloirs de la station régionale, nous dira : «En fait, j'ai intégré le système pour le combattre de l'intérieur parce que c'est l'unique moyen d'y parvenir». Or, au cours du mois d'avril, cette émission était retirée de l'antenne «pour des raisons indépendantes de ma volonté», se serait justifié M. Namoussi, le directeur de la radio régionale auprès de l'animateur. En décidant de la réorganisation du mouvement associatif, le wali de Constantine n'a, en réalité, pour objectif que de le mettre au pas. En plus clair, il s'agit d'une caporalisation qui viserait l'émergence d'un interlocuteur malléable et corvéable à merci. Quoique celui-ci (le mouvement associatif) ait surtout brillé, depuis la promulgation de la loi 90-31, par sa docilité et sa disponibilité à accourir et répondre présent à la sollicitation de qui le demande et deux fois plus qu'une s'il s'agit de l'administration locale. Concluons enfin sur le fait que Mohamed Latafi nous faisait part de ses appréhensions sur de possibles tracas administratifs qu'il aura «à subir à la suite de cette conférence de presse comme cela a été le cas du temps des walis précédents». Ce qui en partie est vrai, le wali de Constantine ne tardera pas à se fendre d'une déclaration fracassante et surtout grave dans les colonnes de notre confrère El Khabar sur le compte du coordinateur. Ensuite, nous avons appris dimanche dernier qu'«une commission d'enquête déléguée par la direction de wilaya de l'éducation se chargerait de passer au peigne fin la gestion de l'établissement scolaire qu'il dirige», c'est dire… Et, comble de l'ironie, c'est pratiquement chaque année et de notoriété publique que Mohamed Latafi, alias directeur d'établissement scolaire, est l'objet de félicitations officielles pour la bonne gestion de la structure qu'il dirige.