De notre correspondant à Constantine A. Lemili «La Fédération nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie est née». C'est l'annonce faite par le Dr Abdallah Benarab, en préambule d'une conférence de presse qu'il a organisée en son cabinet en début d'après-midi de jeudi dernier. «Nous avons obtenu son agrément au début du mois de décembre. A ce jour, la fédération est présente dans 32 wilayas et représentée par des associations. Sauf que, et cela est quelque peu préjudiciable, nous n'avons pas encore de jonction avec les régions du sud du pays, une zone géographique par où transite, malheureusement, une grande partie des cargaisons de drogue introduites dans le territoire algérien. S'agissant seulement de la drogue officiellement interceptée en 2009 par les services de sécurité, celle-ci est évaluée à 64 tonnes. Entre temps, à combien pourrait être estimée celle passée entre les mailles du filet et écoulée sur le marché ? » Au cours de son intervention, M. Benarab évoquera une confusion des genres dans la lutte contre la toxicomanie en reprochant notamment aux associations de se substituer aux organes chargés de ladite action, pour rappeler que celles-ci (les associations) devraient se consacrer plus à la sensibilisation tous azimuts des populations et non pas à l'établissement de statistiques approximatives, lesquelles, malheureusement, ont pour conséquence de plus banaliser le fléau que de l'agiter en réel épouvantail, préconisant dans la foulée une action synergique et convergente de l'ensemble du mouvement associatif à même de juguler et, pourquoi pas, atténuer l'endémie. Ce faisant, le Dr Benarab annoncera, pourtant, les résultats d'une enquête réalisée à Constantine et ayant ciblé des quartiers populaires et populeux réputés vulnérables (Fedj Errih, la vieille ville et la cité Boudraa Salah). Le «sondage» en question, établi auprès d'un échantillon de 215 personnes selon des critères scientifiquement reconnus (TMSP) et les premières conclusions tirées à partir de l'addiction graduelle de cinq catégories de personnes dont la relation avec la drogue est établie, aurait révélé qu'entre le consommateur occasionnel (donc non dépendant) et le poly-consommateur (cannabis, alcool, psychotropes, antécédents judiciaires) se trouverait un autre qui ne serait pas accro mais qui diversifierait, toutefois, sa consommation. Bien entendu, une telle enquête, même si le président de la fédération assure qu'elle a été établie sur des bases scientifiques est, parce qu'elle a été orientée sur trois quartiers précis et sur des présomptions non fondées en réalité, ne tient pas la route, en ce sens que l'échantillonnage n'est pas représentatif. Nous avons tenu à souligner à l'animateur de la conférence que les jeunes des cités réputées «chics et bourgeoises» (Bellevue, Boussouf, Sidi Mabrouk) ne sont pas épargnées par la consommation de drogue. Loin s'en faut, elles en arriveraient même à faire pâlir de jalousie ceux pris comme exemple dans ladite enquête. En tout état de cause, la conviction du Dr Benarab ne peut nullement être remise en cause dans le sens que sa volonté de lutter contre les méfaits de la drogue date de bien longtemps. C'est d'ailleurs un peu dans cet ordre d'idées qu'il revendique l'association directe du mouvement associatif, notamment celui impliqué dans cette action à l'Office national de lutte contre la drogue dont il demande, par ailleurs, à ce qu'il n'ait pas uniquement à dépendre du ministère de la justice mais littéralement d'un groupe interministériel placé sous l'autorité directe des services de la Présidence ou du Premier ministère. «L'office doit être un organe supranational», a-t-il tenu à souligner. Enfin, il évoquera le peu d'intérêt qu'accorderait le directeur de la santé de la wilaya à la lutte contre le phénomène de la drogue, donnant pour preuve le peu d'empressement de l'administration à ouvrir les deux centres de désintoxication prévus à hauteur de Constantine. Comme il a affirmé militer pour que «les dommages que cause la consommation de la drogue fassent l'objet d'une attention pédagogique et la fédération va se battre pour obtenir qu'un cours d'éducation civique soit intégré dans les programmes des établissements scolaires tous niveaux confondus».