Phtoto : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili
Si les délais sont respectés, ce qui serait fort peu probable compte tenu du retard constaté au cours de la phase préliminaire, le lancement des travaux de réalisation du tramway de Constantine devraient démarrer le premier août. Mais ce presque certain retard ne le sera pas en ce qui concerne la modification du plan de circulation de la ville, lequel devrait entrer en vigueur dans les trois jours qui suivront la rencontre tenue et animée face à une poignée de représentants du mouvement associatif par le président de l'APC, le chef de daïra, le directeur des transports et le représentant de l'Entreprise du métro d'Alger au sein du centre culturel Benbadis dimanche dernier. Paradoxalement, le chef de daïra a tenu à souligner que l'invitation faite aux représentants de quartier s'imposait du fait qu'ils étaient aux yeux des pouvoirs publics «un vis-à-vis incontournable dès lors que la sensibilisation des usagers du transport concernés n'avait des chances d'aboutir…» que si les présidents de comité de quartier consentaient à jouer le rôle de courroie de transmission. Il rappelait dans la foulée que les décisions administratives prises étaient irréversibles, insistant sur la nature des mesures qui suivraient dans les quarante-huit heures à venir par «la fermeture de la station de bus Benabdelmalek (pôle essentiel du plan de transport de la ville et des onze communes satellites) et donc l'évacuation des 226 bus circulant sur 16 axes de rotation dont elle constituait le port d'attache». Le représentant de l'administration évoquera également la démolition d'«une partie des tribunes de l'historique stade Benabdelmalek, un rognage qui sera rattrapé par l'aménagement de deux autres petites tribunes». L'alternative à ce chamboulement qui causera énormément de désagréments aux habitants directement et/ou indirectement concernés est présentée par le chef de daïra à travers l'aménagement de quatre stations de substitution dont la particularité est d'éloigner tout usager quel qu'il soit et où qu'il ait l'intention de se rendre de son point de destination initiale. Ce qui n'est nullement pour édulcorer les contraintes à la limite du drame qui lui étaient déjà imposées auparavant. Pis, sur les 221 bus assurant l'essentiel du transport à travers la ville et les cités périphériques, seule la moitié «roulera». En fait, les bus rouleront en alternance un jour sur deux. Sur ce plan-là, des voix, notamment celle du délégué des transporteurs privés, se sont élevées pour rappeler qu'une telle mesure «réduira drastiquement les moyens de subsistance des uns et des autres et aura pour conséquence immédiate et certaine une réduction des effectifs et par voie de conséquence une victime toute désignée… l'emploi». Ce qui est sans doute vrai… faux et laisse présager plus gravement des situations si ce n'est ubuesques… dramatiques en ce sens que les transporteurs privés ne se sont jamais évertués à faire preuve de… vertu en «bourrant» littéralement et en période normale leurs bus juste par appât du gain. Que dire dès lors que leurs revenus vont être réduits de moitié. En tout état de cause, quels que soient les renâclements de la société civile, il y a dans ce cas de figure urgence d'utilité publique car il ne faut pas perdre de vue la résorption incontestable et intégrale d'une manière définitive du problème du transport dans la ville de Constantine. La décision de faire de la ville un chantier a été prise et aucune autre décision ne s'opposera à l'ordre de marche. Ce qui n'explique pas la gymnastique de l'administration locale à «associer les représentants de la société civile» au motif qu'elle «attendrait les propositions». La rencontre de lundi dernier relevait plus de la mystification que d'un intérêt quelconque à l'endroit de la population. Le projet de réalisation devrait durer 29 mois, et il faudra certainement en compter le double. Ce sera pour les Constantinois autant de désagréments à vivre que ceux qu'elle vit depuis les travaux de réhabilitation du réseau d'alimentation en eau potable de la ville.