Une nouvelle étape dans le processus de réforme bancaire algérienne a été franchie. Les autorités monétaires algériennes semblent vouloir accélérer la cadence, en ce sens que deux nouveaux systèmes seront mis en œuvre au second semestre de l'année en cours. Le premier responsable de la Banque d'Algérie, M. Laksaci, en a fait l'annonce la semaine dernière. Il s'agit, de prime, d'un système visant le renforcement de la supervision des banques activant en Algérie. Appelé Rating, ce nouveau système a trait à l'évaluation de la solvabilité des banques. En ces temps de crise économique mondiale, laquelle a engendré un effondrement du système financier mondial, la prise d'une mesure dans ce sens est de mise. Les spécialistes financiers expliquent la toute récente décision de la Banque d'Algérie par le souci des autorités monétaires algériennes de prendre des mesures prudentielles, afin de protéger le système bancaire national contre d'éventuels incidents. Et les exemples ne manquent au niveau mondial, d'autant que les meilleurs systèmes bancaires ont subi de plein fouet plusieurs pertes financières colossales. D'où le rôle de la surveillance bancaire qui vise, en fait, à minimiser la probabilité de survenance d'un accident. Le gouverneur de la BA a laissé entendre que ce système s'inscrit dans ce sillage. «Il s'agit pour l'Algérie de continuer à gérer au mieux cette période de crise économique et financière internationale tout en continuant à mettre en place les conditions nécessaires pour davantage de diversification de l'économie nationale, capitalisant sur les acquis de la stabilité macroéconomique», a-t-il expliqué. Ce nouveau système s'ajoute, selon Laksaci, à l'affinement des «stress tests» au cours du deuxième semestre 2009. Indiquant que les «stress tests» sont des opérations de simulation qui permettent de mesurer les capacités des banques à résister à d'éventuels chocs, M. Laksaci a fait savoir que la Banque d'Algérie s'est fixé un objectif majeur qui consiste à «suivre de près l'évolution des risques, notamment la concentration des crédits, pour s'assurer du développement de crédits sains à l'économie». En clair, la politique monétaire algérienne s'articule, en outre, sur plusieurs axes, mais avec un dominateur commun, qui est une meilleure gestion de risque. L'engagement de l'Etat algérien dans une vaste réforme de son système bancaire, jadis obsolète et rigide, s'inscrit, en effet, ajoutent les mêmes sources, dans la politique économique globale du pays, qui vise à éviter et effacer d'une manière substantielle certaines «vulnérabilités». Ces dernières subsistent encore dans le système bancaire algérien, notamment en matière de gestion des risques financiers et opérationnels et ce, malgré les efforts consentis dans la mise à niveau des dispositifs de contrôle interne. Les derniers scandales bancaires, en l'occurrence, l'affaire Khalifa et la BCIA, ont servi, selon certains observateurs politiques algériens, d'exemple pour la Banque d'Algérie. Pour preuve, Laksaci a expliqué la persistance de certaines vulnérabilités, tant au niveau des risques financiers que des risques opérationnels, par «l'importance de la concentration de crédits et des fraudes». La Banque d'Algérie, qui est revenue à la charge dans ce dernier bulletin de conjoncture publié samedi dernier, montre à quel point le sujet est sensible. En effet, la BA a indiqué que «le rôle de la politique monétaire dans la régulation du marché monétaire doit être accompagné par un progrès de la part des banques quant à la gestion du risque de liquidité, sachant que la persistance du contexte d'excès de liquidité en Algérie contraste avec l'acuité de la crise de liquidité qui a été la première manifestation de la crise financière internationale dès 2007». Il est également attendu, selon la même institution, que «les banques poursuivent d'une manière plus résolue la nécessaire amélioration de l'évaluation, la gestion et la maîtrise des risques de crédits, vu l'acuité de cette question au niveau international». Le rappel de la banque des banques trouve son essence par le souci de voir les établissements bancaires algériens mieux contribuer à l'amélioration de l'allocation des ressources financières dans l'économie nationale, ancrée sur un renforcement des fonds propres des banques. Donc, ces deux dernières mesures tombent à point nommé pour certaines d'entre elles afin de ne pas déroger au «strict respect des normes de gestion des risques crédit», malgré l'excès de liquidités dont elles disposent. S. B.