Au début des années 1990, l'Algérie ouvre le monopole d'Etat sur les services financiers. Plusieurs établissements à capitaux nationaux privés voient le jour dans le secteur de la banque et de l'assurance afin de dynamiser un secteur qui fonctionne alors selon une logique d'administrés, et qui vit sous perfusion des subventions publiques par le biais des recapitalisations effectuées par le Trésor. A la fin de la décennie, le secteur bancaire subit une succession de scandales, dont le plus retentissant est celui de " l'affaire Khalifa ". L'implantation d'établissements à renommée internationale, a ensuite favorisé une nouvelle mutation du paysage bancaire algérien, parallèlement aux réformes engagées par les pouvoirs publics. Dans ce contexte, le fonctionnement du système bancaire algérien s'est considérablement amélioré, même si certains milieux financiers regrettent que la privatisation d'une première banque publique, le Crédit Populaire Algérien (CPA), n'ait pu aboutir en 2007 en raison de la crise financière internationale, et ainsi accélérer la modernisation du secteur. Les acteurs du secteur Le secteur public est composé de six banques : la Caisse Nationale d'Epargne et de Prévoyance (CNEP), la Banque Extérieure d'Algérie (BEA), la Banque Nationale d'Algérie (BNA), la Banque de Développement Local (BDL), le Crédit Populaire d'Algérie (CPA), la Banque de l'Agriculture et du Développement Rural (Badr) et une banque de développement, la Banque Algérienne de Développement (BAD). Cinq banques françaises sont implantées en Algérie : Natixis El Amena banque est la première à obtenir l'agrément de la Banque d'Algérie en 2000, rapidement suivie par la Société Générale Algérie, avant BNP El-Djazair en 2002. En juin 2007, Calyon Algérie est à son tour agréée par les autorités monétaires pour se développer sur le segment de la banque d'investissement, alors que les trois autres enseignes ont choisi de développer les services d'une banque universelle. Enfin, le CIC est également présent depuis 2000 à travers un bureau de représentation, afin d'accompagner en Algérie ses clients traditionnels et ceux du groupe Crédit Mutuel à l'international. Le Groupe Caisse d'Epargne (GCE) a également déposé une demande d'agrément courant 2007, et pourrait lancer ses activités sur le marché en 2009. Au total, douze banques étrangères sont actuellement agréées pour exercer leurs activités financières en Algérie, elles représentent près de 10 % du marché en dehors des quatre banques françaises, et de l'américaine Citibank, elles sont majoritairement à capitaux arabes et concentrées sur les activités de finance, de banque islamique et les activités de commerce international afin d'accompagner le courant d'affaires et leurs pays d'origine. Il existe également quatre établissements financiers étrangers agréés dans les secteurs de leasing et du crédit à la consommation composés de : Salem, Arab Leasing Corporation, Maghreb Leasing et Cetelem Algérie. La modernisation du système bancaire La réforme du secteur s'articule autour de deux principaux axes : la modernisation des moyens de paiement et le renforcement du cadre réglementaire et de la gouvernance bancaire. Depuis 2002, de nombreux progrès ont été enregistrés en matière de modernisation de moyens de paiement, avec notamment la mise en place d'un système de compensation de temps réel (ARTS), de la normalisation et la télé compensation des chèques. La monnaie fiduciaire joue toutefois encore un rôle primordial dans le système de paiement en raison du taux de bancarisation encore considéré comme faible (un guichet pour 25.000 habitants), et de l'importance du commerce informel. Un millier de distributeurs automatiques de billets (DAB) ont été installés à travers le territoire, alors que les cartes de retrait et de crédit sont également distribuées de façon croissante par les banques. Parmi les autres moyens de paiement scripturaux, le chèque est en cours de réhabilitation par les autorités algériennes (il est demandé notamment par les administrations), les détails de traitement ont tendance à être de plus en plus rapides. Les virements représentent entre 10 % et 15 % des opérations interbancaires. Libéralisation du secteur La libéralisation du secteur s'est d'abord matérialisée avec la mise en concurrence des banques publiques algériennes qui représentent encore 90 % du marché, avec les banques privées nationales dans un premier temps, puis étrangères. Le taux de prêts non performants accordés par les établissements publics algériens s'est également considérablement réduit au cours des dernières années, traduisant la volonté des autorités bancaires d'assainir le secteur et de tendre vers l'adoption de critères objectifs pour l'allocation du crédit. Fin 2006, ces prêts non performants étaient estimés à 35 % des encours (45 % pour les prêts accordés au secteur privé). Fin 2007, un pas important a également été franchi dans le sens de la libéralisation du secteur avec l'abrogation de la " circulaire Ouyahia", introduite par l'actuel Premier ministre lors de son précédent passage à la chefferie du gouvernement (2003-2006) dans un contexte faisant suite notamment à la faillite du groupe Khalifa. Cette circulaire contraignait les entreprises publiques algériennes à choisir leur établissement financier parmi les banques publiques nationales. Même si peu de modifications ont été enregistrées dans les faits depuis son abrogation, les entreprises publiques sont désormais libres de s'attacher les services d'une banque privée. Les obstacles à lever Le rapport 2008 du FMI pointe toujours les lenteurs dans le rythme de la réforme, en particulier dans le secteur bancaire public, mais relève les progrès réalisés en matière de supervision et de développement du marché obligataire. Le traitement du portefeuille des banques a permis d'empêcher les taux d'intérêt non performants de continuer à progresser. Le développement d'un marché interbancaire dynamique constitue également une priorité pour améliorer l'allocation du crédit à l'économie, et favoriser le développement de l'investissement national. Il y a lieu de rappeler qu'au mois de septembre dernier, le président de la République, M. Abdelaziz Boutéflika a souligné :" Nous sommes pour l'ouverture aux banques étrangères et aux banques privées, mais dans le respect des normes universelles. L'autorité monétaire doit donc mettre au point un cahier des charges fixant certains critères aux banques voulant travailler en Algérie, et notamment l'obligation pour elles de réserver une partie de leur portefeuille au financement réel de l'investissement et non pas à se limiter à l'accompagnement du commerce extérieur ou à la promotion des crédits à la consommation. Nous respecterons les normes internationales avec nos partenaires étrangers dans tous les domaines ". L'évolution des différentes réformes en cours dans le secteur financier, notamment dans le secteur bancaire, montre que de nombreux résultats ou objectifs ont été atteints : 1)- Le renforcement de la stabilité et de la rentabilité des banques publiques grâce notamment à la mise en place de contrats de performance pour les dirigeants et le renforcement du rôle des Conseils d'administration, l'amélioration des fonds propres des banques publiques de plus de 150 milliards de dinars. De fait, tous les grands projets d'investissement sont financés par les banques publiques algériennes, le renforcement de la capacité d'engagement des banques sur les crédits à moyen et long terme, grâce à une ligne de crédits du Trésor public et l'assainissement du portefeuille des banques avec le traitement des créances des entreprises publiques fortement structurées. 2)- Le renforcement du marché des crédits à travers l'élargissement de l'offre financière du marché obligataire par le biais émis par les sociétés qui a déjà atteint 161 milliards de dinars, la création de sociétés de capital risque et leasing, une plus grande intervention des banques publiques dans le financement des dispositifs gouvernementaux d'aide à la création d'emplois et la promotion de la part des banques publiques dans le crédit commercial. 3)- Le développement du crédit immobilier, notamment par une augmentation de 30 % en 2007 des crédits de logement, ainsi que le renforcement de l'environnement juridique pour la couverture de l'hypothèque. 4)- La modernisation des moyens de paiement notamment avec le nouveau système de télé compensation des paiements, a déjà enregistré une nette amélioration des délais de paiement de chèques et le lancement de la carte nationale de paiement bancaire et de retrait interbancaire. Le développement constant des crédits destinés au financement de l'économie qui avaient enregistré une hausse de 13 % entre 2006 et 2007, poursuivent la même tendance depuis le début de l'année 2008, tout comme il est à relever que 55 % des portefeuilles des banques sont désormais constitués de crédits aux entreprises privées. Le marché financier, grâce aux différentes réformes introduites enregistre : la mise au point d'un plan de modernisation qui vise notamment, à améliorer l'image de marque du marché financier et consolider la confiance des émetteurs et des investisseurs, dynamiser l'activité titres et assurer un flux constant de leurs missions. L'engagement des premières innovations concrètes à partir de 2007, notamment l'entrée en activité du dépositaire central et l'introduction en bourse de valeurs du Trésor public pour consolider l'encours des transactions sur le marché. Pour sa part le secteur des assurances a enregistré depuis 2007 la mise en place de la commission de supervision des assurances, le renforcement des fonds propres des assurances publiques, la mise en place de partenariat avec les assurances étrangères et, enfin, la vente des produits des assurances au niveau des banques. Le FMI considère que la réforme du système financier constitue la référence la plus urgente pour l'économie algérienne, et doit encore se concrétiser à travers les points suivants : ouverture au secteur privé et poursuite du processus de privatisation (CPA mais aussi BDL), le Fonds considère que le report de la décision de privatiser le CPA constitue un signal ambigu, et n'encourage pas les banques publiques à améliorer leurs performances. Améliorer l'environnement opérationnel des banques et la gouvernance bancaire (limiter les prêts non performants, accélérer la transition aux normes IFRS, y compris pour les assurances). Développer les modes de financements non bancaires pour introduire de la concurrence dans le financement de l'investissement. Assurer un management efficace de la liquidité. Le compartiment obligataire s'est considérablement développé au cours des dernières années, avec un concours d'émission globale de 161 milliards de dinars (1,6 milliards d'euros), mais le marché actions de la bourse reste embryonnaire avec seulement deux sociétés cotées et un volume de transactions insignifiant. Techniquement, la bourse est en mesure de fonctionner selon les normes internationales. L'idée de faire participer la bourse d'Alger au processus de privatisation des entreprises publiques et au soutien à la nouvelle stratégie industrielle serait actuellement à l'étude. Jusqu'à présent, les entreprises privées algériennes n'ont pas été tentées de recourir à une introduction en bourse pour financer leur développement Le secteur bancaire connaît un déficit chronique en matière de formation, qui concerne l'ensemble des métiers de la banque, de l'ingénierie financière aux fonctions commerciales. Ahmed Saber