La lecture semble être tombée en désuétude. Elle ne suscite pratiquement plus l'intérêt comme c'était le cas chez les anciennes générations dont elle a forgé l'esprit. Les quelques bibliothèques qui existent sont abandonnées en faveur des cybercafés qui ne désemplissent jamais. Le livre que l'on affectionnait autrefois au point d'en prendre un très grand soin a désormais le temps de moisir sur les rayons de ces infrastructures désertées. Le plaisir de tenir un ouvrage entre les mains et l'empressement de l'ouvrir ne tentent pas la jeune génération qui ne jure que par Internet. Le qualificatif de «rats de bibliothèques» ne lui plaît pas vraisemblablement. Ce bien-être que l'on ressent au contact des feuilles qui nous parlent, les jeunes l'ignorent dans leur grande majorité. Finie cette ambiance quasi religieuse qui se dégage de tout un groupe dont on n'entend même pas la respiration, tant chacun des lecteurs est transporté ailleurs, dans un univers que lui seul peut entrevoir. Ces lieux ne renferment plus la ferveur des élèves à l'approche des examens. Enfants et adolescents se précipitent dans les «cybers» dès la sortie des établissements scolaires pour se mettre face à un écran et surfer, interroger les moteurs de recherche et assouvir leur curiosité. Quant aux exposés, ils se font en un clin d'œil. En quelques clics, le sujet est imprimé et livré à l'élève. Sans aucune recherche, sans aucun effort. C'est à peine si le livre scolaire est utilisé, par la force des choses, il faut le dire. Que reste-t-il des bibliothèques municipales sinon d'anciennes infrastructures en décrépitude, dont les rayons poussiéreux abritent des ouvrages largement dépassés. L'approvisionnement de ces lieux ne semble pas être le souci des élus qui, par leur méconnaissance de l'importance de ces espaces, contribuent sûrement à leur mort. Non alimentées, non fréquentées, les bibliothèques municipales ne jouent plus leur rôle. Encore faut-il qu'elles existent puisque certaines communes en sont tout simplement dépourvues. Des infrastructures de ce genre sont annoncées ici et là, mais elles restent toujours à l'état de projets. R. M.