L'approvisionnement, la vieillesse et la vétusté des équipements ainsi que le niveau qualifications restent toujours la bête noire des industriels algériens. Les résultats d'une enquête réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) et qui a touché 740 entreprises (340 publiques et 400 privées) parlent d'eux-mêmes. Ainsi, pour ce qui concerne l'approvisionnement en matière première, 35% d'industriels publics et plus de 9% privés interrogés ont indiqué que le niveau d'approvisionnement en matières premières reste inférieur aux besoins exprimés. En conséquence, près de 5% du potentiel de production du secteur public a enregistré des ruptures de stocks, causant des arrêts de travail de plus de 10 jours à près de 50% des entreprises concernées. Les pannes d'électricité ont été également mises à l'index. Selon le même document, environ 63% du potentiel de production du secteur public et près de 84% de celui du privé ont enregistré des pannes d'électricité, provoquant des arrêts de travail inférieurs à 6 jours pour le secteur public et supérieurs à 12 jours pour le secteur privé. 89% des industriels ont estimé que l'approvisionnement en eau a été suffisant durant ce trimestre, par contre la consommation d'énergie a connu une augmentation durant le dernier trimestre 2008. L'enquête nous apprend également qu'en raison de la vétusté des matériels et des problèmes de maintenance, 46% de la production du secteur public et près de 93% de celle du privé ont connu des pannes d'équipements. Ces pannes, signale la même source, ont occasionné des arrêts de travail de plus de 6 jours pour près de 59% des entreprises publiques concernées, dont plus de la moitié à plus de 13 jours. Ces arrêts de travail ont atteint plus de 30 jours pour plus de 63% du potentiel de la production. Plus de 79% des chefs d'entreprises du public et près de 85% de ceux du privé déclarent pouvoir produire davantage en renouvelant l'équipement et sans embauche supplémentaire du personnel, alors que près de 19% des patrons publics et 79% des privés affirment pouvoir produire davantage seulement en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension. S'agissant des effectifs et des compétences, quelque 71% des patrons publics et près de 29% privés jugent que le niveau de qualification du personnel «est insuffisant», tandis qu'environ 72% de chefs d'entreprises publiques et seulement 16% de celles privées déclarent éprouver des difficultés à recruter surtout le personnel d'encadrement. Au même titre, près de 83% des industriels privés jugent qu'en embauchant du personnel supplémentaire, les entreprises ne vont pas produire davantage, alors que près de 75% de ceux du public pensent le contraire. Quant aux effectifs, selon l'enquête, ils continuent de chuter selon les représentants du secteur public à cause des départs en retraite (non remplacés). En revanche, ils ont augmenté selon ceux du privé. Interrogés à propos de l'état des finances de leurs entités, la moitié des représentants du secteur public ont déclaré que la trésorerie des entreprises est «bonne» durant ce trimestre et «mauvaise» selon 25% d'entre eux. Pour le privé, elle a connu une évolution «négative». Par ailleurs, le même document souligne que l'allongement des délais de recouvrement des créances, les remboursements d'emprunts et les charges élevées, selon les patrons du privé, continuent d'influer sur la situation de la trésorerie des entreprises. L'enquête de l'ONS ajoutera que près de 22% des entreprises du public et 75% du privé ont recouru à des crédits bancaires et la majorité n'a pas éprouvé de difficulté à les contracter. Côté prévisions, les industriels algériens prédisent que la production et la demande connaîtraient une hausse pour les deux secteurs. Ils prévoient une stagnation pour les prix et une baisse pour les effectifs, selon la même enquête. Il convient de signaler, enfin, que l'activité industrielle des deux secteurs, public et privé, a enregistré une hausse, au 4e trimestre 2008 par rapport au trimestre précédent. L'enquête a révélé que la hausse a été «plus prononcée» selon les industriels du secteur public. Près de 86% du potentiel de production de ce secteur a utilisé ses capacités de production à plus de 75%. Ces capacités sont utilisées à moins de 75% pour 80% du potentiel de production du secteur privé, dont plus de 76% à moins de 50%. S. B.