Les conséquences de l'application de la loi de finances complémentaire 2009 ne se sont pas fait attendre. L'activité industrielle des secteurs public et privé en Algérie a enregistré une baisse au 3e trimestre 2009 par rapport au trimestre précédent, selon une enquête d'opinion réalisée auprès des chefs d'entreprises industrielles par l'Office national des statistiques (ONS). L'enquête, qui portait sur le type et le rythme de l'activité industrielle, a révélé que la hausse était "plus prononcée" selon les industriels du secteur privé. Plus de 67% du potentiel de production du secteur public et plus de la moitié de celui du privé ont utilisé leurs capacités de production à plus de 75%. Ces capacités sont utilisées à moins de 50% par près d'un quart des entreprises privées, selon les résultats de l'enquête qui a touché 740 entreprises, dont 340 publiques et 400 privées. Plus de 26 % des industriels ont estimé que l'approvisionnement en matières premières a été inférieur aux besoins exprimés, une conséquence des retards de paiement après l'introduction du crédit documentaire. Les ruptures de stocks ont touché 38 % des entreprises privées et 21 % des entreprises publiques. Cela a été à l'origine des arrêts d'activité de plus de dix jours dans près de 85 % des entreprises privées. Ces arrêts ont touché 52 % des entreprises publiques. Comme si cela ne suffisait pas, il y a eu des suspensions d'activité de plus d'une semaine pour raisons de pannes de l'énergie électrique. Cela a touché 56% des entreprises privées. S'ajoute à ce tableau noir les coupures d'eau qui ont été générales, puisque 96 % des chefs d'entreprises privées et publiques se sont plaints de cette situation. L'enquête a révélé que la demande en produits fabriqués a augmenté au 3e trimestre 2009, selon les industriels des deux secteurs, malgré l'augmentation des prix de vente enregistrée durant cette période. Par ailleurs, la majorité des chefs d'entreprise du secteur public et plus de la moitié de ceux du privé ont déclaré avoir satisfait toutes les commandes reçues. En outre, près de 92% des chefs d'entreprise du secteur public et 88% du privé déclarent avoir des stocks de produits fabriqués et la plupart des chefs d'entreprise des deux secteurs jugent que la situation des stocks est "normale". Quant aux effectifs, ils continuent de chuter selon les représentants du secteur public à cause des départs en retraite (non remplacés). En revanche, ils ont augmenté selon ceux du privé suite à l'installation de nouvelles capacités et l'amélioration des conditions de production, relève l'enquête d'opinion de l'organisme des statistiques. Environ 26% des chefs d'entreprises du public et près de 15% de ceux du privé déclarent, d'autre part, trouver des difficultés à recruter surtout le personnel d'encadrement et de maîtrise. Quelques patrons tant publics que privés jugent que le niveau de qualification du personnel "est insuffisant". Près de 78% des industriels publics et près de 94% de ceux du privé jugent qu'en embauchant du personnel supplémentaire les entreprises ne vont pas produire davantage. Plus de 64% des gestionnaires publics jugent que le taux d'absentéisme est resté stable par rapport au trimestre précédent, contrairement à ceux du privé ou plus de 62% le jugent inférieur à celui du trimestre précédent. Pour l'équipement, l'enquête précise que 45% du potentiel de production du secteur public et près de 42% de celui du privé ont connu des pannes d'équipements, en raison de la vétusté des matériels et des problèmes de maintenance. Ces pannes, signale la même source, ont occasionné des arrêts de travail de plus de 6 jours pour plus de 90% des entreprises publiques concernées, et pour plus de 30 jours pour près de 73% du potentiel de production du privé. Plus de 79% des chefs d'entreprise du public et près de 67% de ceux du privé déclarent pouvoir produire davantage en renouvelant l'équipement et sans embauche supplémentaire du personnel, alors que près de 30% des patrons publics et 66% des privés affirment pouvoir produire davantage seulement en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension. Enfin, côté prévisions, les chefs d'entreprise prédisent que la production, la demande et les prix connaîtraient une hausse pour les deux secteurs. Par ailleurs, les effectifs connaîtront une baisse selon les chefs d'entreprise du secteur public et une hausse selon ceux du privé, d'après les résultats de l'enquête de l'ONS.